Quand les contes de fées rencontrent la matière… Projet atelier de pratique artistique et culturel au CP en 5 séances

Cet atelier de pratique artistique invite les enfants à visiter ou revisiter les contes de fées par l’intermédiaire de différentes techniques plastiques, matières, couleurs et objets. Tout au long de ces séances nous allons nous intéresser à l’univers du féerique et du merveilleux.

Ingrid Parrain, professeur des écoles à l’école Annexe de Guéret (23)
Delphine Mangeret, plasticienne, Saint-Christophe (23)

Classe de CP, École annexe 23000 Guéret

13 séances : 12 séances de 2 heures et 1 séance de 3 heures.

Qu’est-ce que le merveilleux ?
Où peut-on le rencontrer ?

Nous essaierons ensemble, en nous appuyant sur les œuvres littéraires et cinématographiques citées dans les lignes suivantes, de définir la notion de merveilleux.

Définition du dictionnaire Le petit Larousse :

  • Féerie : Monde fantastique des fées. Univers où interviennent le merveilleux, la magie et des êtres surnaturels.
  • Merveilleux : Ce qui s’éloigne du cours ordinaire des choses ; ce qui paraît surnaturel.

Avant le commencement de cet atelier art plastique l’institutrice va aborder ce thème dans la littérature et le cinéma. Nous allons surtout nous intéresser aux contes de fées. Les enfants ont déjà visionnés le film d’animation intitulé Princes et Princesses de Michel Ocelot et vont prochainement pouvoir regarder Peau d’âne de Jacques Demy et La Belle et la Bête de Jean Cocteau.

De plus, les enfants vont pouvoir découvrir ou redécouvrir ces contes par l’intermédiaire de lectures et d’analyses de textes. Les contes qui seront évoqués sont :

  • Peau d’âne
  • La belle et la bête
  • Blanche neige et les sept nains
  • La belle au bois dormant
  • Le petit Poucet
  • Jacques et le haricot magique
  • Alice au pays des merveilles

Lors des séances de travail à l’atelier, nous ferons constamment appel à ces références. Ils seront le fil conducteur de nos recherches.
Nous aborderons différentes techniques plastiques : peinture, encre, collage, assemblage, volume, frottage, dessin, superposition…
Chacune des séances débutera par une sensibilisation à l’histoire de l’art et à la production contemporaine. Nous regarderons ensemble les œuvres d’art qui peuvent avoir un lien avec le sujet ou la technique ou le procédé abordé lors du temps de l’atelier. À partir des images de ces productions plastiques nous réfléchirons ensemble :

  • au type d’œuvre que cela peut-être : sculpture, peinture, installation, photographie, vidéo…
  • au style : figuratif, abstrait, conceptuel…
  • au genre : paysage, portrait, nu, nature morte, reportage, décors, …
  • à la représentation : que donne à voir la production : matière, matériaux, forme, couleur, composition, lumière, point de vue, mise en scène dans l’espace …

L’ensemble de tous ces éléments va nous permettre d’émettre des hypothèses sur l’intention de l’artiste.

« L’art n’est pas la vie mais une réflexion sur la vie » Christian Boltanski

Séances 1, 2, 3, 4 et 5

Comment représenter le merveilleux et le conte de fées ?

Dans ces premières séances nous allons surtout nous intéresser à la matière et à la façon dont l’artiste intervient dessus.

Dans plusieurs petites boîtes seront placés des objets, des matières et des couleurs différentes (exemple : boîte 1 : une petite peluche, du coton, du papier de soie, un œuf et la couleur bleu clair boîte 2 : des clous, un gant de crin et la couleur grise) Chaque boîte correspondra à un univers.
Les enfants essaieront de décrire leurs sensations. Qu’évoquent pour eux ces différents objets ? À quoi font-ils référence ? Dans quel univers nous entraînent-ils ? rassurant, douillet, romantique, poétique, nostalgique, angoissant, effrayant, déstabilisant, dérangeant, …

Que se passe-t-il si l’on mélange les univers ? Si l’on place les clous sur un nid de coton ?

Ce petit jeu va nous permettre de comprendre que les choix que l’artiste fait lors de la réalisation d’une œuvre sont primordiales. Ce sont ces matières, ces objets et ces formes qui vont entraîner le spectateur dans un univers et une histoire . Les matériaux et la façon dont ils sont associés et mis en scène peuvent provoquer dans un premier temps une réaction physique immédiate chez le spectateur (répulsion , attirance,…) et dans un second temps, après une observation et une analyse plus approfondie de l’ensemble de l’œuvre, le spectateur se met à émettre ,selon son histoire, son vécu et ses connaissances, des hypothèses sur les intentions de l’artiste.

Lors de cet atelier on va essayer par l’intermédiaire de différentes œuvres d’art de mieux comprendre ce que sont un artiste et une œuvre d’art. Nous allons prendre le temps de « décrypter » ensemble quelques œuvres. Cette démarche collective va certainement entraîner des discussions, des désaccords, des suppositions, des découvertes…
Ce temps de recherche a pour ambition de provoquer chez les enfants une envie de découvrir l’art et de prendre le temps de s’interroger face à une œuvre et surtout d’y prendre du plaisir.

Voici quelques exemples d’artistes que nous pourrons aborder lors de ces séances concernant :

La matière :

  • Joseph Beuys : feutre et graisse : protection et isolation.
  • Véronique Roca : « Les fourmis » cire d’abeille.
  • Meret Oppenheim : « Le déjeuner en fourrure »1936 association tasse (objet du quotidien) et fourrure animale

L’objet :

  • Marcel Duchamp : « La roue », 1913, association d’une roue de vélo à un tabouret. Objets du quotidien (ready-made) qui ont une utilité, une fonction précise. La façon dont l’artiste les met en scène leur donne un tout autre statut. On ne peut plus s’asseoir sur le tabouret et la roue ne peut plus avancer . Tabouret – immobilité roue – mobilité. Ces deux objets perdent leur fonctionnalité et prennent le statut d’œuvre d’art. Détournement. Le tabouret fait aussi référence au socle : histoire de la sculpture.
  • Wim Delvoye : « St-Stephen » 1990, cage de handball associée à un vitrail représentant un saint: précieux et sacré. Rassembler deux univers différents : le sport et la religion.

Le geste :

  • Lucio Fontana : toiles montées sur châssis percées et lacérées. Essayer de faire voir au-delà de la peinture.
  • Hans Hartung : jaillissement incontrôlable.
  • Jackson Pollock : projections de peinture sur de grandes surfaces. Tout le corps est en action et on a la trace du geste dans la production finale. Le corps est suggéré par la trace du geste.

Dans la partie concernant la pratique nous allons nous poser la question de la matière, des matériaux et du geste. Lesquels seront les plus appropriés à représenter l’univers des contes de fées ?

Pour cette première réalisation nous allons nous intéresser aux contes de fées en général et plus précisément à ceux de Peau d’âne et de La Belle et la Bête.
Nous allons fabriquer collectivement deux « costumes ».

Le premier fera référence au côté animal, bestial, brutal et instinctif que l’on retrouve souvent dans les contes (le loup, la bête, la peau d’âne, l’ogre…) et le second représentera le côté magique, précieux et féerique (les fées, les princes et les princesses, les farfadets,…).
Chaque enfant réalisera un fragment de ces deux manteaux. Une fois terminé, tous les fragments seront assemblés. Ces deux manteaux seront visuellement très différents.
Ces deux faces du conte de fées sont à la fois à l’opposé l’une de l’autre et indissociables. L’un ne peut exister sans l’autre.
Nous réfléchirons ensemble aux matériaux et aux techniques qui seront les plus aptes à traduire ces deux univers.

Peau de bête :

Papier de verre, carton, papier crépon, laine, ficelle, terre, sable, moquette, papiers d’épaisseurs différentes, peinture… matériaux mats. Nous travaillerons avec la couleur marron. Les enfants pourront créer des marrons colorés avec la peinture : marron violet, marron rouge, marron jaune…
Nous allons aussi jouer avec les valeurs et s’intéresser aux effets de matière. Les enfants agiront, comme ils le souhaitent, sur les matières et expérimenteront librement plein de possibilités.
La peinture pourra être griffée, le papier déchiré et froissé, la terre superposée à la ficelle…
La trace des gestes réalisés lors de cette réalisation seront évocateur de cet aspect plus instinctif, féroce voire même parfois dangereux de l’animal dans les contes de fées.

Griffer, trouer, gratter, déchirer, découper, froisser, …

Manteau de fée :

Papier calque, papier de soie, perles, paillettes, papier aluminium, peinture dorée, tulle, rubans, encres … Pour ce costume nous utiliserons les couleurs bleu, violet et rose. Nous jouerons aussi avec les valeurs et la transparence. Certains matériaux laisseront passer la lumière (papier calque, tulle) et d’autres la renverront (aluminium, paillettes) : brillance et transparence. La lumière a un rôle important dans les contes de fées (nous nous intéresserons aux illustrations des contes).
Cette transparence donnera une impression de légèreté, comme si le manteau pouvait voler ou disparaître d’un moment à l’autre. Entre l’apparition et la disparition.
Lorsque les deux manteaux seront terminés nous réfléchirons ensemble à la façon dont nous pouvons les mettre en scène. Quelle place peuvent-ils occuper dans l’espace de la classe ? Sol, mur, suspendu, posé sur un support, …Et comment existeront-ils l’un par rapport à l’autre ?

Séances 6 et 12

Ces deux séances vont être consacrées à la technique du dessin.

Tout d’abord, nous regarderons dans l’histoire de l’art l’évolution du dessin. Puis ensuite nous observerons les différentes façons dont les artistes contemporains se sont appropriés cette technique.

  • Cy Towbly
  • Legros Laetitia
  • Richard Monnier : grain de sable poussé par un crayon sur une feuille de papier. Ce procédé laisse sur la page un tracé qui rappelle la ligne d’horizon. C’est comme si le tout petit grain de sable avait intégré en lui le fait qu’il faisait parti d’un ensemble qui est la Terre. Ce travail est plein de poésie et interroge la notion d’individu (individuel et collectif). Cette expérience plutôt amusante sera reproduite avec les enfants.
  • Max Ernst : technique du frottage

Le motif floral et le végétal sont souvent présents dans les contes de fées.
Le petit chaperon rouge cueille des fleurs dans la forêt en chantonnant alors qu’il n’a pas encore rencontré le loup. La belle demande à son père de lui ramener une rose de son voyage.
Le château de la belle au bois dormant est recouvert de ronces pour que personne ne puisse y entrer. Jacques plante un haricot magique. La forêt est aussi un lieu important dans les contes.
Mais nous l’aborderons dans d’autres séances où elle prendra une place privilégiée.
En utilisant la technique du dessin nous allons faire la part belle à ces éléments issus du monde végétal.
Sur un feuille de papier au format 20 cm x 20 cm les enfants seront invités à imaginer un végétal qui prolifère sur toute la page.
Ce dessin sera ensuite reporté sur une feuille de couleur noire découpée au même format. Mais au lieu d’être recopié au crayon de papier, il sera reformé par une succession de petits trous réalisé avec une grosse aiguille. Lorsque l’on place le dessin devant une source de lumière il apparaît comme par magie. Au final nous assemblerons les dessins.
Les enfants pourront ensuite imaginer la façon dont ces dessins pourront exister dans l’espace de leur école sachant que seule la lumière peut les révéler.

Concernant le dessin, nous aborderons aussi la technique du frottage.
Différentes matières seront proposées aux enfants. Ils appliqueront sur ces matières une feuille de papier blanche et frotteront avec une mine de plomb. Ainsi ils verront apparaître un drôle de dessin.
Avec cette technique nous aborderons les silhouettes des personnages des contes de fées.

Cette séance se déroulera comme une séance de croquis. Les enfants essaieront de retrouver les silhouettes de ces différents personnages sans faire appel aux détails.

  • L’ogre pourra être grand, gros, les cheveux longs et barbu avec de grosses bottes.
  • La fée aura peut-être des ailes et une robe légère et virevoltante.
  • Seul les contours, la masse corporel et l’intensité avec laquelle les enfants vont appuyer sur le crayon va nous permettre de reconnaître le personnage représenté.

Avec leur maîtresse les enfants auront au préalable recensé les différents personnages des contes de fées (vus en littérature et au cinéma) et relevé le vocabulaire qui décrit l’aspect physique de ces personnages.

Et enfin nous réfléchirons à la façon dont ces dessins pourront être mis en scène .

Séances 7, 8, 9, 10 et 11

Nous allons à présent nous préoccuper de la place de la forêt dans les contes de fées.

Lors d’une conversation collective nous allons essayer de comprendre en quoi elle est importante et quels rôles elle joue.
Accentuer le fait qu’elle est ambivalente. Effectivement elle peut être aussi bien protectrice, comme dans Blanche neige où la princesse vient se cacher dans la forêt, qu’effrayante, comme dans Le Petit Chaperon rouge où la forêt est le lieu où vit le loup.
Nous regarderons dans l’histoire de l’art les différentes façons dont les artistes ont évoqué la forêt.

Magritte, Klimt, Max Ernst.

La forêt est souvent considérée comme un lieu étrange et magique qui abriterait des êtres surnaturels.

Pour cette nouvelle réalisation nous allons travailler le volume et la maquette.
Chaque enfant va imaginer en 3 dimensions un arbre qui se serait humanisé (comme ceux qui prodiguent des conseils aux héros des contes lorsque ceux-ci ne savent plus quoi faire pour s’en sortir).
Nous utiliserons comme support de base une grande bouteille d’eau que nous remplirons de sable pour qu’elle reste stable.
Ensuite avec du scotch d’emballage et du fil de fer nous constituerons les branches de l’arbre.
Cette structure sera ensuite recouverte de papier mâché et de papier froissé qui imitera l’écorce.
Chaque enfant devra décider d’une couleur pour le tronc et les branches. Cette couleur sera déclinée en un clair, un moyen et un foncé. Selon leur imagination les enfants pourront rajouter à leur arbre des mains, des yeux, des oreilles, une bouche,… en essayant de leur donner une expression humaine.
Ensuite avec de l’encre de couleur, du gros sel et de la colle à papier peint nous composerons des effets de matière qui seront ensuite découpés pour faire les feuilles de l’arbre.
Et enfin selon leur envie ils pourront saupoudrer le tout de paillettes magiques.
Tous ces arbres pourront être réunis et constituer ainsi une grande forêt.
Nous nous intéresserons aux artistes qui ont fabriqué des maquettes tels que Calder (Le cirque) et Boltanski (Les ombres).

Ensuite nous pourrons inventer les habitants de cette forêt. Dessinés et découpés dans du carton les enfants pourront imaginer les elfes et les fées qui vont vivre dans ce lieu merveilleux.

Séance 12

Voir séance 6

Séances 13

Lors de cette séance les enfants joueront à mettre en scène leurs réalisations. Ils devront choisir ensemble l’espace le plus propice à mettre en valeur leur travail.
De plus, durant cette séance ils auront l’occasion de présenter leurs productions à leurs camarades d’école et à leurs familles.
Ils seront invités à expliquer oralement les différentes étapes de travail ainsi que les techniques expérimentées lors de la réalisation.

 

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