Revenu, patrimoine, école, genre, santé, territoire, université : sept graphiques accompagnent la journée spéciale de France Culture « Inégalités en France : comment établir une justice sociale ? »
Voici sept inégalités sociales qui font, et vont faire débat lors de ces mois de campagne électorale à venir :
1- Inégalités de revenus
Depuis les années 1990, l’écart des revenus progresse entre les plus riches et plus pauvres. Plus précisément, depuis les années 2000, les plus riches s’enrichissent. Et depuis les années 2010, les inégalités ne progressent plus seulement par le haut : les 10% les plus pauvres s’appauvrissent. Entre 2003 et 2014, leur niveau de vie diminue d’environ 30 euros par mois. Pendant la même période, le niveau de vie des 10% les plus riches augmente de plus de 272 euros par mois.
A écouter : « Cartographie des inégalités françaises« , Les Matins du 9 janvier 2017, avec Daniel Cohen, économiste
2- Inégalités de patrimoine
Les 10% les plus fortunés détiennent près de la moitié du patrimoine, les 1% les plus riches en détiennent 16%, alors que les 50% les moins riches en détiennent 6%. Les méthodes de calcul de l’Insee ont changé, ce qui empêche toute analyse d’une évolution fiable sur le temps long. Mais entre 2010 et 2015, les inégalités de patrimoine sont restées stables, notamment à cause de la stagnation des prix de l’immobilier. NB : Le patrimoine est égal à la somme de ce que possède un individu (logements, terrains, comptes bancaires, actions, obligations, assurance vie..) moins ses dettes.
A écouter : « Inégalité, inégalités« , conférence de Hélène Périvier, économiste et Patrick Savidan, philosophe
3- Inégalités femmes – hommes
Ce chiffre recouvre entre autres celui de la répartition des emplois en temps partiel : 6% des hommes contre 30% des femmes. En 2015, 1,2 million de femmes salariées sont en situation de temps partiel subi, contre 471 000 hommes. Pour des temps complets, les femmes sont rémunérées 16,3 % de moins, et à poste et expérience équivalents, elles touchent 12,8 % de moins. Plus on monte dans la hiérarchie, plus les écarts se creusent : une femme cadre touche un quart de moins qu’un homme à poste équivalent. Encore largement défavorisées dans le monde professionnel, les femmes occupent plus souvent des emplois de mauvaise qualité à temps partiel, souvent subi, avec de moindres responsabilités.
A écouter : « Le travail : aux sources des inégalités femme-homme« , La Grande table, 2e partie, avec la sociologue Margaret Maruani
4- Inégalités scolaires
Sur les 200 000 élèves qui « décrochent » de leurs études avant le bac, près de la moitié ont un père ouvrier, alors qu’ils ne sont qu’un tiers des non-décrocheurs. Parmi les raisons du décrochage, le non respect du choix d’orientation en première est majoritaire (38 %). Les enfants de diplômés sont ainsi favorisés dans un système académique et sélectif et dans une société qui continue à donner une grande importance au titre scolaire.
A écouter : « L’école sur mesure pour 150.000 décrocheurs« , Le Magazine de la Rédaction
5- Inégalités des territoires
Les chiffres du chômage contrastent selon les territoires : du simple au double en France métropolitaine (6,5% de chômage en Lozère, 16% dans les Pyrénées orientales), à près du quintuple avec les départements d’outre-mer (29% à La Réunion). Ils masquent cependant un large faisceau de raisons : composition de la population, état de l’activité économique… Les jeunes Lozériens vont par exemple chercher du travail dans un département limitrophe comme l’Hérault, qui voit ainsi son taux de chômage s’accroître, du fait même de son dynamisme économique.
A écouter : « Quelle égalité des territoires dans la France de demain ?« , Planète Terre
6- Inégalités de l’espérance de vie
A 35 ans, un homme cadre supérieur vit encore en moyenne 49 ans, et un ouvrier, 42 ans, soit six ans d’écart. Chez les femmes, la différence est divisée par deux. La qualité et l’accessibilité du système de soins jouent un rôle secondaire par rapport aux conditions et à la durée du travail, l’attention portée au corps, l’alimentation ou les modes de vie en général : consommation d’alcool ou de tabac, pratiques à risque…
A écouter : « Accroissement des inégalités en santé« , Révolutions médicales
7- Inégalités dans l’enseignement supérieur
Les jeunes issus de milieux ouvriers sont largement sous-représentés dans l’enseignement supérieur, toutes filières confondues, alors qu’ils représentent près de 30% de cette classe d’âge. Non seulement ils disparaissent au fil des années d’étude, mais dans les filières sélectives comme les classes préparatoires et les écoles d’ingénieurs, ils ne représentent que 6% des effectifs. C’est dans les Ecoles normales supérieures qu’ils sont les moins nombreux : les enfants de cadres sont 20 fois plus nombreux, alors que les enfants d’ouvriers ne représentent que 2,7% des effectifs.
A écouter : « Cartographie des inégalités françaises« , Les Matins du 9 janvier 2017, avec Monique Canto-Sperber, philosophe, auteure de « L’oligarchie de l’excellence » (PUF), et « Inégalités scolaires : l’éternel défi de l’école française« , La Grande Table, 2e partie
Sources : Observatoire des inégalités, Insee, Centre d’Observation de la société, ministère du Travail.