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MéthodologieEC 2 : Analyse d'un document (T. Larribe)

Quelles sont les attentes ?

Les consignes officielles figurant sur les sujets de baccalauréat sont les suivantes :

Pour la partie 2 (Étude d’un document), il est demandé au candidat de répondre à la question en adoptant une démarche méthodologique rigoureuse de présentation du document, de collecte et de traitement de l’information.

3 attentes précises doivent être distinguées :

  1. La présentation du document ;
  2. La maîtrise de savoir-faire pour traiter les informations du document ;
  3. La capacité à répondre à la question posée.

Attention : pour cette partie de l’épreuve, il est inutile d’expliquer le document (recherche des causes, des conséquences, explicitation d’une relation), ou de mobiliser des connaissances. En revanche, les savoir-faire applicables aux données quantitatives et aux représentations graphiques qui figurent à la fin du programme de terminale sont requis.

Extrait du programme officiel de terminale : L’enseignement des sciences économiques et sociales doit conduire à la maîtrise de savoir-faire quantitatifs, qui ne sont pas exigés pour eux-mêmes mais pour exploiter des documents statistiques ou pour présenter sous forme graphique une modélisation simple des comportements économiques ou sociaux.Calcul, lecture, interprétation

  • Proportions, pourcentages de répartition (y compris leur utilisation pour transformer une table de mobilité en tables de destinée et de recrutement)
  • Moyenne arithmétique simple et pondérée
  • Évolutions en valeur et en volume
  • Propensions moyenne et marginale à consommer et à épargner
  • Élasticité comme rapport d’accroissements relatifs
  • Écarts et rapports interquantiles
  • Mesures de variation : coefficient multiplicateur, taux de variation, indices simples et pondérés

Lecture et interprétation

  • Corrélation et causalité
  • Tableaux à double entrée
  • Taux de croissance moyen
  • Médiane, écart-type
  • Élasticité prix de la demande et de l’offre, élasticité revenu de la demande
  • Représentations graphiques : courbes de Lorenz, histogrammes, diagrammes de répartition, représentation des séries chronologiques, y compris les graphiques semi-logarithmiques
  • Représentation graphique de fonctions simples (offre, demande, coût) et interprétation de leurs pentes et de leurs déplacements

Source : http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=71834

Comment procéder ?

Conseils méthodologiques

Chaque type de document a sa propre méthode d’analyse (voir la partie méthodologique du manuel de S.E.S.). Une démarche commune peut néanmoins être proposée pour l’étude de documents.

  • Étape 1 : Présenter le document.

Dans un premier temps, il convient de présenter le document indépendamment de la question posée. Il s’agit pour cela de repérer les éléments de base :

  • Quelle est la nature ou le type de document ? (Texte, graphique, tableau)
  • Quelle est sa source ? (Elle est toujours précisée en bas du document concerné. Il y a parfois plusieurs sources.)
  • Quel est le thème du document ? (Autrement dit : de quoi parle le document ? Le thème ne doit pas être confondu avec l’idée générale)
  • Quel est le champ ? (Quelle est la population concernée ? Cette information figure généralement dans les notes de bas du document.)
  • Quel est le cadrage temporel des données ?
  • Quel est (sont) l’indicateur(s) utilisé(s) ? Quelle est l’unité ? (Une bonne lecture de l’unité permet d’éviter de graves erreurs. En présence d’un pourcentage, on se demandera s’il s’agit d’une mesure de proportion ou d’évolution. Dans ce dernier cas, on se demandera ensuite s’il s’agit d’un taux de variation classique ou annuel moyen.)

On organise ensuite ces éléments dans une ou deux phrases du type : Ce document est un (nature du document) proposée par (source) afin de présenter (thème) mesuré en (unité) pour (pays, zone, lieu) en (année, période).

  • Étape 2 Lire correctement le document.

Après la présentation du document, on doit vérifier que l’on sait correctement lire une donnée. Il s’agit d’être capable de formuler une phrase claire indiquant la signification précise d’une donnée. Par exemple, prenons le graphique suivant :

EC03

Pour lire le taux de croissance du PIB de la France en 2013, on ne pourra pas se contenter de dire : le taux de croissance du PIB en France était de 0,3 % en 2013. Ici, on ne fait que reprendre l’information encadrée et le titre du document pour faire une phrase, sans véritablement indiquer la signification du chiffre. On préfèrera dire : En France, le PIB a augmenté de 0,3 % sur l’année 2013. En effet :

Le taux de croissance du PIB en France était de 0,3% en 2013
  • On ne sait pas ce que signifie n% (proportion ? évolution ?)
  • Il s’agit d’une simple reprise des éléments du document (titre, valeur)
En France, le PIB a augmenté de 0,3 % sur l’année 2013.
  • On comprend qu’il s’agit d’un taux de variation, et non d’une proportion
  • On comprend que 0,3 % est une augmentation
  • On comprend que c’est le PIB qui a augmenté

Pour lire un indice, on fera non seulement une phrase de lecture, mais également une traduction de la signification de la valeur. Il s’agit alors de transformer l’indice en taux de variation (s’il est proche de 100) en lui retranchant 100, ou en coefficient multiplicateur (si sa valeur est élevée) en le divisant par 100.

Exemple : Si pour un phénomène donné,  on a un indice base 100 pour l’année 2012, et de 105 pour l’année 2013, on pourra dire :

L’indice d’évolution du (phénomène étudié) est passé de la valeur 1001 en 2012 à 105 en 2013. Cela signifie que la grandeur considérée a augmenté de 5 %2 entre les deux dates

  1. Il s’agit de la base, celle qui indique l’année de référence à partir de laquelle les évolutions sont mesurées.
  2. 105 – 100 = + 5 % On peut aussi dire que le phénomène a été multiplié par  = 1,05
Type de document Quelques points de vigilance
Tableaux de données statistiques Y-a-t-il une ou plusieurs unités ?Quelles informations lit-on en lignes ? en colonnes ? Par lesquelles commencer l’étude ?Y-a-t-il une ligne (ou une colonne) « Total » ou « Ensemble » ? Que révèle-t-elle ?Tableau à double entrée avec des proportions : quel est le sens de lecture du tableau (où est le total 100) ?
Graphiques, diagrammesDiagrammes de répartition, séries chronologiques, graphiques à échelle semi-logarithmique, courbe de Lorenz, représentations de fonctions … Le document présente-il une répartition ? Une variation ? Une fonction ?(Graphiques) Quelles informations sont présentées en abscisses, en ordonnées ? Quelle est leur unité respective ?Y-a-t-il une seule ou plusieurs unités (double axe des ordonnées) ?Quelle est l’échelle (arithmétique, logarithmique) ? Quelle est la légende ?
Textes de nature factuelleChronologie, extrait d’entretien, monographie, récit de vie, compte rendu d’enquête, … Remarques : ce type de document est peu probable. Quels sont les faits présentés ?Comment classer / hiérarchiser les informations présentées ? (Séparer l’essentiel de l’accessoire)
  •  Étape 3 : Analyser le type de travail demandé.

Il ne s’agit pas d’analyser le document en tant que tel, mais de répondre à une question. La lecture de la consigne de la question se fait de la même façon que dans le tableau du titre 2.2.1 (comparer, caractériser, etc.) Mais l’EC2 ne suppose pas une mobilisation de connaissances de cours. Il s’agit de mobiliser un savoir-faire : le travail consiste à extraire des données significatives qui répondent à la question posée, et éventuellement à procéder dans ce but à un traitement simple des données (calculs), tout en sachant qu’on ne disposera pas de calculatrice le jour de l’épreuve.

Les types les plus fréquents sont les suivants :

Types de sujets Travail à effectuer
Analyser … (le plus souvent, une évolution)Remarque : L’analyse au sens classique suppose une description et une explication. Mais dans cette partie de l’épreuve, l’explication n’est pas requise. Dégager une tendance générale – Au besoin, périodiser.Rechercher des régularités : le phénomène évolue-t-il de façon régulière ? Irrégulière ? Observe-t-on une évolution cyclique ? Quelle est l’amplitude ? Quelle est la période du cycle ? Observe-t-on une évolution saisonnière ?Pour commenter une relation entre des variables : recherche de corrélation (positive ou négative), mais pas de causalité (il ne s’agit pas d’expliquer).Identifier les valeurs les plus significatives pour répondre à la question donnée (utiliser des codes couleurs pour entourer, souligner, surligner)Réfléchir à des calculs simples (écarts relatifs, absolus, …) pour appuyer la réponse.Organiser la réponse en allant du général au particulier.
Exemple de sujet :·         Vous présenterez le document, puis analyserez l’évolution de l’emploi non qualifié en France entre 1984 et 2004. (Métropole-bis – 2013 – Graphique)
Mettre en évidence … (un phénomène, une évolution) Globalement, c’est le même travail que ci-dessus, mais l’analyse peut se réduire à un aspect particulier (celui qu’il faut mettre en évidence).
Exemples de sujets :·        Vous présenterez le document puis vous mettrez en évidence l’évolution du PIB en France depuis 1950. (Afrique – 2013 – Graphique)·        Après avoir présenté le document, vous mettrez en évidence l’évolution des principales contributions à la croissance. (Antilles, Guyane – 2013 – Tableau)    
Caractériser … (une évolution, un profil) Décrire avec précision un phénomène, une évolution, en mettant en évidence ses principaux caractères :Pour une évolution : est-elle croissante ? décroissante ? régulière ? Irrégulière ? Cyclique ? Saisonnière ? Etc.Pour un phénomène : les caractéristiques dépendent de la nature de ce phénomène : par exemple, pour les inégalités, le choix des qualificatifs est large : elles peuvent être cumulatives, multidimensionnelles, économiques, sociales, croissantes ou décroissantes, etc.Identifier les valeurs les plus significatives pour illustrer ces caractéristiques.Réfléchir à des calculs simples (écarts relatifs, absolus, …) pour appuyer la réponse.Organiser la réponse en allant du général au particulier.
Exemples de sujets :·       Vous présenterez le document, puis vous caractériserez les inégalités qu’il met en évidence. (Asie – 2013 – Courbe de Lorenz)·       Vous présenterez le document puis vous caractériserez les inégalités de patrimoine qu’il met en évidence. (Métropole – 2013 – Tableau)·       Vous présenterez le document, puis vous caractériserez l’évolution des exportations mondiales de marchandises depuis 1948. (Polynésie – 2013 – Tableau)·       Vous présenterez le document, puis caractériserez l’évolution des inégalités face au chômage qu’il met en évidence. (Pondichéry – 2014 – Graphique)
Comparer Rechercher des caractéristiques communes et des différences aux phénomènes comparés.Identifier les valeurs les plus significatives pour illustrer chacun de ces deux aspects.Réfléchir à des calculs simples (écarts relatifs, absolus, …) pour appuyer la réponse.Organiser la réponse en allant du général au particulier.
Exemple de sujet :·      Vous présenterez le document puis vous comparerez l’évolution de la rémunération du travail en France et en Allemagne. (Liban – 2013 – Graphique)
Distinguer … Même travail que ci-dessus, mais sans rechercher les caractéristiques communes.
Exemple de sujet :·       Il n’y a pas encore de sujet de ce type dans les annales du bac.
Identifier …Ce type de sujet peut correspondre à un type de question vu précédemment : « Identifier les caractéristiques » = « Caractériser … » ; « Identifiez les différences » = « Distinguer …»Etc. Plusieurs possibilités selon le type de document :·       Mettre en évidence un aspect du document Pour cela, on analyse par exemple la composition ou la répartition du phénomène étudié.·       Déterminer l’impact d’une (ou plusieurs) variable(s) sur une autre. On peut par exemple rechercher une corrélation.·       Etc.Identifier les valeurs les plus significatives qui correspondent à l’élément à identifier.Réfléchir à des calculs simples (écarts relatifs, absolus, …) pour appuyer la réponse.Organiser la réponse en allant du général au particulier.
Exemple de sujet :·       Vous présenterez le document, puis identifierez les sources de la croissance économique selon les pays sur la période 1885-2010. (Amérique du Nord – 2013 – Graphique)

 Quelques erreurs fréquentes :

  • Dans la lecture des données :
    • Une différence entre des taux s’exprime en points, et non en %. (par exemple, un taux de croissance du PIB qui passerait de 1% à 2% augmente d’un point, ou de 100 % (puisqu’il est multiplié par deux), mais pas de 1%.
    • Il ne faut pas confondre des valeurs absolues et relatives: Si on observe que la proportion des cadres qui vont au cinéma est plus importante que celle des ouvriers, on ne peut pas dire de façon certaine : il y a plus de cadres que d’ouvriers qui vont au cinéma. Il faut dire : En proportion, il y a plus de cadres que d’ouvriers qui vont au cinéma – ou bien  – La part des cadres qui va au cinéma est plus importante que celle des ouvriers.
    • Dans le même esprit, il ne faut pas confondre le niveau et l’évolution d’un phénomène : cette erreur est fréquente avec la lecture d’indices. Par exemple, si l’on observe sur une période récente que le coût du travail dans l’industrie a progressé plus vite en France qu’en Allemagne, on compare des évolutions. On ne peut pas déduire du fait que l’indice français soit supérieur à l’indice allemand que le coût du travail est plus élevé en France, mais seulement qu’il a connu une plus forte augmentation.
  • Dans l’organisation de la réponse :
    • Il ne faut pas commenter toutes les données d’un tableau, de façon linéaire. L’un des savoir-faire évalué est précisément la capacité à sélectionner l’information pertinente.
    • Il ne faut pas interpréter, expliquer, rechercher les causes ou les conséquences du phénomène étudié.

Des exemples pour le programme de première.

Document 1

Question : Après avoir présenté le document, vous commenterez l’évolution présentée.

EC04

Ce document est un graphique présentant l’évolution de la part de chaque secteur d’activité dans la valeur ajoutée totale en France entre 1949 et 2012 selon les comptes nationaux de l’INSEE.

Les évolutions observées sont d’une grande régularité et révèlent le phénomène de tertiarisation de l’économie, et le bouleversement de la hiérarchie des activités en termes de création de richesses. On observe en effet que le secteur tertiaire composé des services marchands et non-marchands  totalise 35 + 11 = 46% de la valeur ajoutée de l’économie en 1949 contre 53 + 20 = 73 % en 2012, soit un gain de 27 points de pourcentage. Symétriquement, le secteur secondaire composé de l’industrie et de la construction ont vu leur part diminuer de  16 points (25 +5 = 30 % en 1949  à 11 + 3 = 14 % en 2012). Enfin, l’agriculture passe de 18 à 2% de la valeur ajoutée totale, soit une régression spectaculaire de 16 points, mais une division par 8 de sa part en termes relatifs.

Par conséquent, c’est le secteur des services qui crée le plus de valeur ajoutée dans l’économie, et cette tendance ne cesse de se renforcer sur la période étudiée.

Document 2

Question : Après avoir présenté le document, vous commenterez l’évolution présentée.

Taux de croissance annuel moyen de la production en volume.

EC05

 

Ce graphique mesure l’évolution de la production de différentes branches industrielles sur deux périodes : 2000-2007 et 2007-2012 en % par an, selon les données des comptes nationaux de l’INSEE.

Globalement, on observe que le taux de croissance annuel moyen des différentes branches est plutôt croissant sur la période 2000*-2007, et décroissant sur la période 2007-2012.  Ainsi, chaque année en moyenne, la production en volume de l’industrie pharmaceutique a augmenté de 5 % par an en moyenne de 2000 à 2007. Inversement, la production de l’industrie textile et de l’habillement a diminué chaque année en moyenne de 6 % entre 2007 et 2012.

Les données semblent indiquer un renforcement de la spécialisation de notre économie : ce sont plutôt les activités technologiques qui progressent (pharmacie, industrie manufacturière, …). En revanche, les activités impliquant une faible qualification ou une technologie banalisée régressent (Textile, habillement, …). Mais il est vrai que les produits informatiques et électroniques sont en régression et révèlent peut-être une moindre compétitivité des producteurs nationaux.

Des exemples pour le programme de terminale.

Document 1

Question : Après avoir présenté le document, vous comparerez la concentration du revenu disponible et celle du patrimoine financier des ménages en France.

EC06

Ce document est une courbe de Lorenz proposée par l’INSEE et la direction générale des impôts afin de présenter la concentration des revenus et des patrimoines pour la France en 2003 et 2004. Cet outil permet de mesurer les inégalités en indiquant en ordonnées quelle est la part de patrimoine (ou de revenu) détenue (ou perçue) pour les tranches des ménages classées des plus pauvres aux plus riches sur l’axe des abscisses.

La comparaison de ces deux courbes révèle que la répartition des revenus et des patrimoines en France est inégalitaire, puisque la courbe de Lorenz n’est pas confondue avec la diagonale (laquelle représente l’équi-répartition). Ainsi, on remarque qu’en 2003, la moitié des ménages ne possédaient que 5 % du patrimoine financier et percevaient un peu moins de 30% du revenu disponible.

Néanmoins, on relève une différence, puisque les inégalités de patrimoine financier sont sensiblement plus élevées que les inégalités de revenus. C’est ainsi que les 10 % des individus les plus riches détiennent 60% du patrimoine financier et perçoivent un peu plus de 20% des revenus. Il y a donc un écart de 40 points entre ces deux valeurs, et l’indice de GINI est donc plus proche de 1 (ce qui témoigne d’une forte concentration) pour le patrimoine financier que celui des revenus.

Document 2

Question : Après avoir présenté le document, vous commenterez l’évolution présentée.

EC07

Ce graphique présentant l’évolution de la part des enfants de salariés ayant obtenu le baccalauréat en fonction de la PCS du père en France pour cinq générations d’individus nés de 1964 à 1988, selon les données  des enquêtes Emploi de l’INSEE, les calculs du ministères de l’éducation nationale (MEN) et la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP).

En premier lieu, on constate que quelle que soit l’origine sociale, la proportion des enfants ayant obtenu un baccalauréat a tendance à augmenter dans le temps (massification scolaire). De façon générale, environ 35% de l’ensemble des enfants nés entre 1964 et 1968 on obtenu un baccalauréat contre environ 65 % pour la génération née entre 1984 et 1988, soit une progression de 30 points de pourcentage.

En second lieu, on observe un rattrapage des catégories populaires : l’écart relatif entre les enfants de cadres ou profession intermédiaire et les enfants d’ouvriers ou d’employés a en effet diminué. La rapport est passé de  = 2,82 à  = 1,49. Ce dernier chiffre signifie qu’en proportion, les enfants de cadres ou professions intermédiaires sont 1,49 fois plus nombreux à accéder au baccalauréat que les enfants d’ouvriers ou d’employés. Dans une certaine mesure, on peut donc parler de démocratisation de l’accès au bac.

Document 3

Question : Après avoir présenté le document, vous caractériserez les évolutions qu’il décrit.

EC08

Ce document est une série chronologique présentant l’évolution du taux de croissance du PIB et de la productivité horaire du travail en France entre 1950 et 2012 selon les comptes nationaux de l’INSEE.

On observe que si la croissance de la production et de la productivité avaient un niveau élevé jusqu’en 1970 (avec une croissance située régulièrement entre +4 et +6%), les taux diminuent en dessous du seuil de +4% après les années 80.

L’évolution présente deux caractères :

  • Elle est simultanée : on observe une corrélation positive entre l’évolution de la productivité et celle de la croissance. Autrement dit, les phases de croissance de la productivité horaire du travail (+7% en 1960 et + 9% en 1969) se traduisent par une augmentation du taux de croissance du PIB (+7% les deux années considérées).
  • Elle est cyclique : on observe une alternance de périodes courtes de croissance et de ralentissement de croissance du PIB et de la productivité. Par exemple, le cycle allant de 1951 (reprise) à 1958 (fin du cycle) est particulièrement net.

Méthodologie EC 1

 

Méthode pour la partie 1 : Mobilisation des connaissances.

Quelles sont les attentes ?

Les consignes officielles figurant sur les sujets de baccalauréat sont les suivantes :

Pour la partie 1 (Mobilisation des connaissances), il est demandé au candidat de répondre à la question en faisant appel à ses connaissances personnelles dans le cadre du programme de l’enseignement obligatoire.

4 attentes précises doivent être distinguées :

  1. La compréhension du sens de la question ;
  2. La maîtrise de connaissances;
  3. La capacité à illustrer sa réponse ;
  4. La présence d’une réponse structurée.

Comment procéder ?

Conseils méthodologiques

Étape 1 : Il faut commencer par identifier la ou les notions essentielle(s) de la question posée.  Même si ce n’est pas explicitement demandé, on apportera une définition de la notion centrale de la question.

  • Remarque 1 : il faut éviter de multiplier les définitions dans la réponse. On s’en tiendra de préférence aux définitions des notions centrales figurant dans la question.
  • Remarque 2: La réponse peut mobiliser une définition, mais ne se réduit pas à cette définition (d’ailleurs, il n’existe pas de simple question de définition dans cette épreuve).

Étape 2 : Identifier le type de questions.

Types de questions Travail à effectuer
« Expliquer les raisons … »« Pourquoi … »Remarque : le terme « Expliquer » s’applique parfois à l’identification d’un mécanisme : « Expliquer comment … »
  • Identifier la ou les cause(s)
  • Montrer la relation de cause à effet (le mécanisme)
  • Organiser les causes s’il y en a plusieurs (classer, hiérarchiser)
Exemples :

  • Pourquoi la mesure de la délinquance est-elle difficile ?
  • Expliquez la relation entre spécialisation et dotations factorielles.
« Décrire … » une chose, un processus (= expliquer comment)ou « Comment évolue … » (= décrire une évolution)ou « En quoi … »
  • Faire ressortir les éléments essentiels, les caractéristiques fondamentales (ou les principales étapes)
  • Séparer l’essentiel de l’accessoire, hiérarchiser, classer l’information
Exemples :

  • Décrivez les déterminants de l’offre et de la demande sur un marché concurrentiel.
  • Comment la taxation permet-elle d’agir sur la préservation de l’environnement ? (Asie – Juin 2013)
« Enumérer … »« Quels, quelles … »« Par quel(s) » ou « Par quelle(s) … »« Citer …. »« Présentez … »
  • Identifier les éléments de réponses
  • Classer les éléments de réponse (organiser)
Exemples :

  • Quelles formes peut prendre le contrôle social dans les sociétés contemporaines ?
  • Quels sont les déterminants des stratégies d’internationalisation de la production des firmes multinationales ? (France métropolitaine – Juin 2013)
  • Présentez les trois types d’instruments d’une politique climatique (Amérique du Nord – Mai 2013)
« Distinguer … » « Différencier … »
  • Eviter la juxtaposition des définitions des éléments à distinguer·     Recenser les différences
  • Organiser, hiérarchiser les éléments de réponse
Exemples :

  • Distinguez production marchande et production non-marchande.
  • Distinguez compétitivité prix et compétitivité hors prix. (Afrique – Juin 2013)
« Comparer … »
  • Mettre en évidence les points communs, les ressemblances
  • Mettre en évidence les différences.
Exemples :

  • Comparez socialisation primaire et socialisation secondaire.
  • Comparez les notions de classes et de strates sociales.
« Illustrer … »Parfois couplé avec « Montrer »
  • Trouver un ou des exemples pertinent(s) d’une situation, d’un mécanisme.
  • Montrer en quoi l’exemple choisi correspond au thème de la question.
Exemples :

  • A l’aide d’exemples, vous mettrez en évidence différentes stratégies d’entreprises dans le but de renforcer leur pouvoir de marché.
  • Illustrez par trois exemples la diversité des conflits sociaux. (Liban – Mai 2013)
« Montrer … »« Démontrer … »Sujets formulés de façon originale, et consistant à mobiliser des arguments ou de recourir à des mécanismes pour formuler une réponse.
  • Présenter un mécanisme simple, un processus (la question, dans cette partie de l’épreuve, n’est pas une réflexion, mais une mobilisation de connaissances)
  • Enchaîner logiquement les éléments sans omettre d’étape, avec un vocabulaire adapté
Exemples :

  • Montrer comment la fixation d’un prix-plancher par l’Etat (salaire minimum) entraîne un rationnement de l’offre de travail.
  • Montrez que les inégalités économiques et sociales peuvent se cumuler. (Liban – Mai 2013)
  • En quoi les conflits sociaux peuvent-ils être considérés comme une forme de pathologie ? (Pondichéry – Avril 2013)
  • Dans quelle mesure la croissance économique peut-elle être soutenable ? (Afrique – Juin 2013)
  • Légende : Programme de première | Programme de terminale

Étape 3 : mobiliser efficacement des connaissances.

Pour cela, il conviendra de se poser une série de questions, puis de noter les éléments de réponse au brouillon.

  1. A quelle partie du programme se rattache la question ? (Thème, question)
  2. Quel est le vocabulaire économique et social associé  ?
  3. Est-ce que la question fait référence à une théorie ? un auteur ? un mécanisme ou un fait précis ?
  4. Comment peut-on illustrer la réponse ? Quels exemples ou contre-exemples peut-on donner ?
  5. Quelle est l’actualité de la question ? La réponse est-elle valable en tous lieux ? A toutes époques ?

De façon plus classique, on peut se poser les questions QQCOQP : Qui ; Quoi ; Comment ; Où ; Quand et Pourquoi pour faciliter la mobilisation de connaissances.

Étape 4 : préparer sa réponse.                        

  1. Structurer la réponse : le plan dépend du type de question (voir étape 1). Ensuite, on respectera quelques règles simples (On va du général au particulier ; On présente une idée principale par paragraphe ; Pour chaque idée, on peut appliquer le principe : j’affirme, j’explique, j’illustre.)
  2. Evaluer une longueur de réponse raisonnable. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de consigne de longueur qu’il ne faut pas réfléchir à cet aspect : trop en dire présente un risque de hors-sujets ; ne pas en dire suffisamment peut faire perdre des points.
  3. Rédiger la réponse en apportant le plus grand soin au style et à l’orthographe. Attention aussi à la forme : utilisez une ponctuation précise, des paragraphes et alinéas. Pour les centres d’examens situés à l’étranger, il faut penser que les copies seront numérisées, et il convient donc d’écrire de façon lisible.

Des exemples pour le programme de première

1) Expliquez et illustrez le phénomène de marchandisation.

La marchandisation désigne le processus par lequel les activités marchandes privées connaîtraient une extension dans des domaines jusque là épargnés. Ainsi, une ressource ou un bien jusque là distribué(e) gratuitement, fera l’objet d’un échange désormais marchand.

Tel est le cas par exemple du sport qui n’avait qu’une fonction d’honneur et de prestige dans les sociétés, avant de devenir professionnel et commercial. Aujourd’hui, les produits dérivés du sport font l’objet d’un marché considérable.

La garde des enfants, ou l’aide aux devoirs scolaires sont deux autres exemples du développement de la sphère marchande à des activités qui étaient autrefois confiées des membres de la famille ou du voisinage. Elles font désormais l’objet d’une offre (crèche, assistantes maternelles) et d’une demande (familles dont la mère est active).

Parfois, l’Etat est amené à contrôler le développement de la marchandisation en réglementant. Tel est le cas dans le domaine du don d’organes afin d’éviter les abus des pratiques immorales.

2) Qu’est-ce qui détermine le choix de combinaison productive de l’entrepreneur ?

La combinaison productive est la quantité de facteurs de production (travail et capital) associée par le producteur de façon à produire efficacement. Ce choix dépend :

  • Du coût relatif des facteurs de productions (qui dépend lui-même de la rareté relative de ces facteurs) ;
  • De la productivité comparée des facteurs de production. Précisons que la productivité est le rapport entre la production mesurée en volume et en valeur, et la quantité de facteurs utilisée). Elle mesure l’efficacité des facteurs de production.

Le producteur fera donc un arbitrage entre l’efficacité et le coût des facteurs de production pour fixer sa combinaison productive. En fonction de cette comparaison, il pourra substituer un facteur à l’autre. Par exemple, un viticulteur pourra utiliser des vendangeurs (formés ou pas) ou bien une machine à vendanger, plus rapide mais moins précise. Son choix dépendra donc non seulement du coût du travail et du capital dans l’économie concernée, mais aussi de la nécessité de trier le raisin en fonction de la gamme de vin qu’il propose.

Des exemples pour le programme de terminale

1) Montrez deux avantages de l’euro pour les pays de l’Union Européenne ayant adopté cette monnaie.

Remarques :

  • Dans la mesure où l’on doit citer deux avantages, autant se concentrer sur les avantages les plus simples à traiter plutôt que de s’attaquer à des mécanismes complexes.
  • Ici, il n’y a pas vraiment de notion à définir pour cette question. Au mieux, on peut rappeler que l’Euro est la monnaie de l’UE adoptée par 18 membres sur 28.

L’adoption de l’Euro, monnaie unique pour 18 pays de l’UE, présente plusieurs avantages. Ces derniers peuvent être classés en plusieurs catégories selon qu’ils profitent aux États-membres, aux producteurs, ou aux consommateurs.

Pour les producteurs, l’Euro présente l’avantage de limiter le risque de change. En effet, la plupart des règlements entre entreprises (relations clients-fournisseurs) se font à terme. Or, des variations de change peuvent se traduire par des pertes ou des gains : une simple baisse du taux de change équivaut à une augmentation de la facture émise par le fournisseur étranger dont le montant est libellé en devises. La monnaie unique, en annulant les variations de change, minimise le risque des transactions entre les producteurs de la zone monétaire, et rend possible les anticipations.

Un second avantage concerne la baisse des coûts consécutive à la suppression des commissions de change. Lorsqu’il faut convertir une monnaie nationale en devise, la banque est amenée à jouer le rôle d’intermédiaire pour le compte de ses clients, et à échanger la monnaie nationale contre devises sur le marché des changes afin d’effectuer les règlements internationaux. Elle facture donc une commission à son client.

Autres avantages que l’on pouvait présenter :                                                  

– Pour les consommateurs, la comparaison des prix dans la zone monétaire est plus facile, ce qui peut se traduire par une amélioration du pouvoir d’achat.

– Lorsque les pays avait chacun une monnaie nationale, les taux d’intérêt directeurs étaient utilisés pour stabiliser les changes entre les différentes monnaies nationales, au détriment d’objectifs internes tels que le soutien de la demande (baisser les taux d’intérêt pour stimuler le crédit). Cf. Triangle d’incompatibilité de Mundell.

2) Distinguez la notion de strate et de classe sociale.

Remarque : on évitera de juxtaposer des définitions. Pour éviter cela, il faut bien mettre en évidence les critères de distinction dans un premier paragraphe.

Strates sociales et Classes sociales sont des notions qui renvoient non seulement à des auteurs différents, mais reposent également sur des logiques distinctes (en particulier, les rapports sociaux qu’elles sous-tendent ne sont pas les mêmes). Ces notions n’aboutissent donc pas aux mêmes conclusions quant à la destinée sociale des individus.

La notion de classe, telle qu’elle est définie par Karl Marx (1818-1883), fait référence à un groupe social caractérisé par une place dans le processus de production qui oppose les propriétaires du capital (la bourgeoisie) et ceux qui ne possèdent que leur force de travail (le prolétariat). La caractéristique fondamentale de la notion de classe sociale est la lutte qui oppose les uns aux autres. La lutte des classes est inséparable de la conscience de classes. Ainsi, pour l’auteur, les paysans ne constituent pas une classe sociale dans la mesure où ils ne prennent aucunement part à la lutte des classes.

La notion de strate sociale (ou de couche sociale) renvoie à la l’idée de superposition simple de groupes sociaux. C’est la vision du sociologue américain W.L. Warner (1898-1970) qui évoque plus une continuité sociale qu’une lutte des classes. Les rapports entre les groupes sont donc harmonieux. Il n’y a pas de frontière véritablement tangible entre les groupes.

Ces deux approches de la structure sociale sous-tendent donc des rapports sociaux distincts. Par conséquent, la vision de la destinée sociale des individus ne sera pas la même. Dans la logique de domination (analyse en terme de classes sociales), on suppose un certain déterminisme social qui conduit à une reproduction des positions sociales, à une certaine hérédité sociale. Au contraire, dans l’analyse en terme de strate, la foi en la mobilité et en la fluidité sociales est plus importante.

3) Expliquez les effets de la baisse du taux de change sur l’économie d’un pays.

En premier lieu, la baisse du taux de change va avoir des effets sur les flux de marchandises échangées :

  • Les importations seront plus chères, ce qui a pour effet de réduire la demande intérieure pour les produits étrangers (dans la mesure où l’élasticité prix n’est pas trop faible). Il y a donc une inflation importée préjudiciable à l‘économie, mais qui rend certaines productions locales plus compétitives.
  • Les exportations seront moins chères, ce qui devrait permettre aux entreprises nationales de gagner des parts de marché.
  • Globalement, le solde extérieur devrait être amélioré par cette mesure, et suivre une courbe en J. Mais le surplus du consommateur est réduit.

En second lieu, la baisse du taux de change agit sur les mouvements de capitaux. La monnaie nationale perdant de la valeur, des capitaux quittent l’économie nationale, ce qui pourrait raréfier les fonds prêtables disponibles dans l’économie et se traduire par une hausse des taux d’intérêt, laquelle est préjudiciable à la consommation et à l’investissement.