Cette pièce de théâtre de marionnettes, adaptée de l’album jeunesse de Tomi Ungerer, créée en 1996 par la compagnie O’Navio, nous permet de revisiter l’Histoire, à travers les aventures de deux enfants et d’un ours en peluche, qui vont traverser la sombre période de la seconde guerre mondiale.
On peux comprendre, dès la première scène, de quoi l’histoire va parler. Nous rentrons dans un monde de racisme et de cruauté : on voit quatre personnages (représentés par des marionnettes) dans une usine de fabrication d’ours en peluche; les trois hommes se moquent d’Hitler et de sa politique actuelle, tout juste avant la Seconde Guerre mondiale,; le quatrième personnage de cette pièce est une femme qui ne rit pas du tout : elle, elle comprend, et elle est Juive. C’est dans ce contexte que sont plongés les spectateurs dès le lever du rideau.
La pièce raconte l’histoire de deux enfants, un Juif et un Allemand, qui se lient d’amitié, malgré leurs différences de culture, de réligion et les pressions des parents qui défendent de fréquenter l’enfant à l’étoile jaune. Ils finiront par se séparer, après les déportations nazies de l’époque. Mais en gardant un lien fort, l’ours en peluche, donné par l’un à l’autre, qui sera témoin de l’Histoire, de la Seconde Guerre mondiale à nos jours. Il deviendra un héros auprès des Américains et sera comme un symbole pour cet État et son armée : le Teddy.
Autobiographie d’un ours en peluche, telle est le nom de la pièce : une caméra, sur scène, est dissimulée dans l’ourson, afin d’observer ce qu’il voit, de montrer le monde à travers son regard. Les images sont ensuite diffusées sur l’unique décor, en arrière plan. Un élément lui-aussi surprenant, ce décor qui ne changent pas, et qui pourtant évolue, du début à la fin du spectacle : c’est un «mur» que les comédiens font pivoter au fur et à mesure de l’histoire.
Les marionnettes, très réalistes, de grande taille, demandent beaucoup d’heures de travail,comme nous a expliqué une des marionnettistes de la troupe : lles sont faites entièrement à la main. Il faut parfois plusieurs personnes pour les déplacer dans l’espace, mais la technique est parfaitment maîtrisée : les acteurs ne font plus qu’un avec les marionnettes, on ne se focalise que sur elles et on oublie parfois l’acteur qui les manipule. 23 marionnetes pour tout le spectable, et une illusion parfaite, puisqu’on pouvait croire qu’une dizaine de comédiens étaient sur scène, alors que, bien au contraire, ils ne sont que quatre. Une prouesse technique et visuelle, pour laisser place à la sensibilité.
C’est sur une note très touchante, vous le verrez, que le spectacle se termine, sous les applaudissements bien mérités de tous les spectateurs. Un spectacle très beau, très enrichissant, et un regard intelligent sur l’Histoire.
Jaulène LACHAUD (3ème)