Avec 25 ans de théâtre au compteur, Guandaline Sagliocco revient de loin. Pourtant, et comme toujours, elle réussit encore à nous surprendre avec de nouvelles pièces, pour le meilleur et peut-être aussi, malheureusement, pour le pire.
C’est l’histoire d’un compositeur russe, Modeste Petrovitch Moussorgski, en visite lors d’une exposition des tableaux d’un de ses amis peintre. L’inspiration lui sauta dessus, et il créa Les Tableaux d’une exposition, œuvre musicale géniale et mondialement connue, retraçant son parcours de l’exposition, ses émotions devant tous les tableaux. Puis vint une compagnie de théâtre, Sagliocco ensemble, qui décida d’en faire une pièce : Haut de gamme. À première vue, cela serait donc un hommage à Moussorgski, à la musique, par le théâtre. Cette pièce aurait pu atteindre cette cible… Mais voilà…
Guandaline Sagliocco, accompagnée de la pianiste (bien vivante) Natacha Pavlova, et du « Thérémien », le Thérémine de Sasha, l’étrange personnage interprété par la comédienne, revient avec légèreté et humour sur quelques-uns de ces Tableaux, et sur la force de la musique de Moussorgski qui les transfigure. Normalement, cela aurait dû donner ça : une pièce légère, avec un sens plus profond que ce qu’elle ne laisse paraitre, avec des portes qui s’ouvre dans nos coeurs et dans notre imagination… Oui, mais voilà : trop de légèreté, peut-être, car, à force de rendre la pièce amusante, de rajouter des gags par-ci par-là, la pièce devient tout le contraire : lourde. Trop de scènes voulant faire rire, ou de trop longs épisodes de musique, qui deviennent par la suite presque grossiers. La progression de la pièce ne va rien arranger : d’abord, une presque drôle présentation du Thérémine (curieux instrument au son discordant, l’ancêtre des synthétiseurs), puis ensuite celle de Baba, la grand-mère de Sasha, et de Natacha, la pianiste, avec un crescendo dont on ne voit pas le bout. Tout cela fera rire les plus jeunes spectateurs, pour qui cela restera un bon moment, mais rien de plus…
La compagnie Sagliocco Ensemble nous avait pourtant montré qu’elle pouvait faire mieux. Comme l’affirme Guandaline, le spectacle change et évolue en fonction du public. Aurions-nous été pris pour plus jeunes que nous sommes? Ou bien avons-nous perdu, avec nos rires, nos rêves d’enfant?
Sara Dumas (3ème)