Olivier Ravanello, grand reporter au Moyen Orient, nous livre cette fois une fiction : le lecteur va suivre les traces d’un adolescent de 17 ans, Jules, embarqué par sa tante en Irak, parce qu’elle doit couvrir en urgence le conflit qui s’envenime dans la capitale. Entre terrorisme, guerre, et découverte de la culture irakienne, le récit tient son lecteur en haleine.
La couverture du livre donne tout de suite la couleur : l’illustration en noir et blanc montre une scène de guerre. Il est évident que personne ne voudrait aller passer ses vacances dans un pays en guerre : c’est pourtant ce qui va arriver à Jules, un adolescent de 17 ans qui s’apprête à passer un bel été à Paris, chez sa tante Magali, grand reporter pour Paris-Match. Mais c’est sans compter sur le rédacteur en chef de cette dernière, qui l’envoie sans préavis faire un reportage à Bagdad : la situation là-bas s’est aggravée soudainement, Magali doit couvrir cette actualité sans tarder! On peut évidemment trouver étrange (et irresponsable!) sa décision d’embarquer avec elle son neveu : la famille de ce dernier étant injoignable, quelque part sous le soleil de Grèce, elle va mettre Jules dans ses bagages!
Une facilité narrative, certes, mais qui ouvre bien des rebondissements qui tiendront le lecteur en haleine, et qui va nous faire découvrir la réalité de la guerre en Irak à travers le regard neuf de Jules. Depuis la corruption qui règne dans ce pays, avec l’épisode du faux visas récupéré dans de troubles conditions, jusqu’à la violence terroriste lors de l’attentat qui frappe l’hôtel où logent les journalistes occidentaux, en passant par la découverte des tensions entre les chiites et les sunnites, le récit campe un tableau complexe, mais toujours juste et, malheureusement réaliste, du monde irakien. Les actions s’enchaînent parfois trop vite : Jules échappe de justesse à un terrible attentat, dans lequel d’autres perdront la vie, puis, trois pages et trois jours plus tard, décide de partir, seul, dans le coffre d’une voiture, pour secourir un ami enlevé par des terroristes… Ce qui peut sembler un peu invraisemblable est surement la condition pour que le récit tienne en haleine le grand public.
D’autres éléments semblent aussi participer de ces facilités narratives, comme Alice, que rencontre Jules à Paris, à une terrasse de café : un véritable coup de foudre entre eux d’eux, mais dont on ne reparlera pratiquement plus; ou encore ces relations amoureuses confuses entre Magali et certains des journalistes qu’elle retrouve à Bagdad. L’auteur semble avoir retenu la leçon pour réaliser un bon roman d’aventures : de l’action, de l’amour, de l’amitié, des rebondissements… Mais il cherche aussi à faire réfléchir au rôle de la presse. Se retrouvent en plein cœur du conflit un grand reporter pour la presse écrite, un envoyé spécial pour la télévision, un photographe indépendant : tous cherchent de l’information, pour expliquer le conflit en Irak, mais chacun a sa manière de travailler, et ses contraintes (un rédacteur en chef pour TF1 n’a pas les mêmes attentes qu’un gradé de l’armée américaine).
C’est peut-être l’élément le plus important de ce livre : Ravanello, qui sait de quoi il parle, nous montre comment se construit l’information que nous recevons, à travers ces journalistes qui risquent leur vie pour aller à la source, à travers aussi ces médias qui, parfois, se préoccupent plus d’audience ou de tirage que de vérité. Le livre se termine par un dossier intéressant où l’on voit les nombreuses étapes qui construisent une information, depuis une dépèche de l’AP jusqu’aux prémisses d’une article. À méditer, avant le prochain JT…
Mila Soulier, Lana Viers, Léa Chignaguet (4ème)