Afin de laisser aux générations futures une trace du confinement que nous vivons actuellement à cause du coronavirus, j’ai entrepris l’écriture d’un journal de confinement que je leur laisserai, avec quelques cookies.
Jour 1 : Ça y est, c’est le premier du confinement. Mes amis et moi, on est plutôt contents de ne plus aller au collège. Pour occuper mon après-midi, j’ai décidé de faire une nouvelle recette de cookies.
Jour 2 : Je me rends compte que j’ai de la chance d’habiter à la campagne parce que, contrairement à mes amis citadins, je peux profiter d’avoir un grand jardin et de me promener au milieu des prés, avec mes nouveaux cookies à la main.
Jour 3 : Étant donné que je suis confinée avec ma mère qui est enseignante, je suis obligée de faire les montagnes de devoirs que mes professeurs adorés m’envoient. Comme cela me déprime et que je ne savais pas quoi faire cet après-midi, j’ai refait des cookies.
Jour 7 : Je commence à me lasser des pâtes à tous les repas et l’ennui se fait sentir de plus en plus. Pour passer le temps, je fais des cookies tous les après-midis. Le stock de mes petits gâteaux s’élevant à 372, ma mère a décidé qu’à partir de demain, on en apporterait aux vaches du pré d’à côté pour « leur petit déjeuner ».
Jour 9 : Mes papilles découvrent de nouvelles saveurs ! Les ressources en pâtes sont épuisées, alors; avec ma mère, on s’attaque au riz. Aujourd’hui, je me suis lancée un nouveau défi : je vais tenter de domestiquer les lézards de ma terrasse. Je me demande s’ils aimeraient mes cookies au riz.
Jour 11 : Je pense que le fait de ne pas pouvoir sortir et rencontrer des personnes autres que ma mère va finir par me rendre folle : je commence à parler à mes cookies…
Jour 12 : Quand je me suis levée ce matin, mon chat m’a demandé si j’avais bien dormi. Je lui ai donc répondu que oui, et on a discuté un petit moment. Cela m’a donné envie de profiter de cette période de confinement pour renouer le lien avec l’ensemble de mes animaux de compagnie. Je suis donc allée me baigner avec les poissons rouges, puis j’ai organisé un tournoi de 10 mètres-haies avec les poules et les oies. On a bien rigolé! Les gagnants ont eu droit à des cookies à la fougère.
Jour 14 : Cet après-midi, ma mère a de nouveau tondu la pelouse, mais, cette fois-ci, aux ciseaux ! Mais ce n’est pas tout : je l’ai également surprise en train de tailler la haie, avec son coupe-ongles! Sa santé mentale commence à m’inquiéter : je crois qu’elle ne mange pas assez de cookies.
Jour 15 : Ce matin, j’ai été réveillée en sursaut par le cri effaré de ma mère : « On a presque plus de PQ ! ». Je me suis alors levée, malgré moi, et je lui ai dit : « Comme dirait Franck Dubosc, c’est la cacatastrophe ! ». En guise de réponse, elle m’a balancé l’unique, le dernier, le survivant, l’ultime rouleau de papier toilette dans la tête, qui est tombé dans la cuvette… Si je les fais moins cuire, je me demande si on pourrait utiliser les cookies à la place…
Jour 18 : Aujourd’hui, avec ma mère, nous avons fait une journée de jardinage. Tout se passait bien, jusqu’au moment où je me suis improvisée chanteuse avec, pour micro, un râteau, et pour spectateurs, les fruits et légumes. S’en est suivi un petit karaoké avec ma mère. Un peu plus tard, alors que j’arrachais les mauvaises herbes, j’ai entendu ma mère dialoguer avec un ver de terre. Je lui ai expliqué qu’il était peu probable que celui-ci lui réponde, puis je lui ai jeté un morceau de terre dessus pour tenter de lui remettre les idées en place. Déçue par mon attitude, ma mère a riposté en m’envoyant un poireau à la figure. Cette fois, ce n’est pas un karaoké qui a suivi, mais une lutte acharnée, dont je vous épargne les détails : sachez simplement qu’un cookie de dix jours est une arme redoutable.
Jour 20 : C’est bientôt la fin… Ma mère a déjà passé l’aspirateur quatre fois aujourd’hui. Nous avons épuisé les stocks de riz. La charge de travail envoyé par mes professeurs est chaque jour plus importante. Depuis le début du confinement, j’ai fait 1468 fois le tour de ma maison à vélo, et autant de cookies.
Enora Espinasse (3ème 3)