Depuis plus de 20 ans, le Mexique vit au rythme de la plume d’Anabel Hernàndez, une journaliste et écrivaine qui ne tremble ni devant les cartels de la drogue, ni devant le pouvoir corrompu, pas plus que devant les organisations criminelles.
Lauréate du Prix 2019 de la Liberté d’expression décerné par la DW (la radio télévison internationale allemande), Anabel Hernàndez s’est forgé une réputation solide de journaliste d’investigation, en s’attaquant aux sujets les plus brulants qui agitent son pays : des crimes sexuels au traffic de drogue, en passant par la corruption politique du gouvernement de son pays, elle est régulièrement saluée par des récompenses internationales, comme en 2017, lorqu’elle reçoit les insignes de Chevalier de l’Ordre de la Légion d’Honneur des mains de l’ambassadrice de France, Anne Grillo : une distinction de l’ensemble pour de sa carrière et de son action pour la défense des journalistes et des droits de l’Homme au Mexique. En 2012, elle reçoit la Plume de la liberté, médaille, de l’Association mondiale des journaux et des médias d’information.
En 2010, elle sort Los Senores del narce (les Seigneurs de la drogue), une enquête qui montre les liens entre les trafiquants de drogue, l’armée, et les politiques mexicains (comme le ministre de la Sécurité publique, Genaro Garcia Luna, ouvertement mis en cause), mais elle montre aussi que tout cela n’est possible que parce les mexicains ont laissé s’installer ces dérives dans leur quotidien, comme une chose normale. En 2008, elle publie un livre sur le pouvoir du Président Mexicain Felipe Calderon, Los Complices del presidente. Celui-ci est catholique, opposé à l’avortement, au mariage homosexuel et à l’euthanasie, et au centre de nombreuses corruptions. Elle a aussi enquêté sur le président précédent, les dépenses somptuaires du président Vicente Fox.
Menacées de mort, elle et sa famille vivent sous protection policière permanente, ce qui n’a pas empéché deux attaques contre sa maison et ses enfants. Ses sources, lorsqu’elles sont mises à jour, sont menacées, elles-aussi, parfois emprisonnées sous des prétextes incertains, souvent assassinées. D’où tire-t-elle cette force qui la maintient debout face à toutes ces menaces? Peut-être que l’histoire de son père, enlevé et assassiné dans des circonstances jamais élucidées, la pousse sans cesse à enquêter sur ces crimes organisés, comme dans son travail sur l’histoire de la disparition de 43 étudiants de la ville d’Iguala, enlevés par des policiers municipaux, dont on n’a plus jamais retrouvé la trace. Grace au travail de journalistes comme Anabel Henandez, plusieurs de ces policiers ont enfin été mis en accusation, même si les causes et tous les coupables de ces disparitions ne sont toujours pas connues.
Elsa Pimont, pour le texte (4ème)
Margaux Saintemarie, pour le Pioupiou (4ème)
Sources d’information : dw.com, lemonde.fr, wikipedia.org