Emprisonnée pour avoir informé

De nombreux journaliste, femmes comme hommes, sont, tous les jours, emprisonnés ou tués en faisant leur métier : nous informer. Reporters Sans Frontières enregistre un triste record: en 2022, 553 journalistes sont en détention, et prévient : 2023 sera plus sombre encore, même si assemblée des Nobel a décidé d’honorer Narges Mohammadi, qui vient d’apprendre qu’elle a reçu de prix Nobel de la Paix, depuis sa prison de Téhéran.

Heng – Le Monde

La militante Narges Mohammadi est récompensée par le Prix Nobel de la Paix qui lui est décerné ce 06 octobre 2023, depuis la Norvège, alors que l’Iran a été secouée par un mouvement de contestation inédit déclenché par la mort de Masha Amini. Cette jeune iranienne, à 22 ans,  est décédée suite à une arrestation pour non respest du strict code vestimentaire islamique en vigueur en Iran : quelques cheveux dépassait de son foulard, elle est morte sous les coups des policiers.

Depuis longtemps,Narges Mohammadi a fait du port du voile imposée aux femmes une de ses luttes, à travers son soutien au mouvement « Femme, Vie, Liberté », qui revendique des changements sociaux importants pour les femmes en Iran, avec l’impératif de sortir d’un système religieux inique, pour instaurer une égalité entre les hommes et les femmes, prémisse d’une réelle démocratie. Lorsque Narges Mohammadi dit que « la lutte contre le voile obligatoire n’est pas qu’une affaire de femmes », elle appelle tous les iraniens à comprendre qu’il y a là un obstacle essentiel contre la liberté de tous.

Pour mener cette mission d’information et défendre cette liberté de savoir, de nombreux journalistes s’engagent, s’expriment, sont poursuivis, emprisonnés, tués, assassinés. L’Iran fait maintenant partie des cinq pays qui ont mis en prison le plus de journalistes dans le monde : depuis le début des manifestations contre la mort de Masha Amini, le nombre de journalistes détenus n’a cesser d’augmenter, et les femmes représentent désormais près de 15% des journalistes emprisonnés, contre moins de 7% il y a cinq ans, selon les sources de RSF. Au total, l’Iran détient 18 femmes journalistes. Cette hausse spectaculaire « montre la volonté des autorités iraniennes de réduire systématiquement les voix des femmes au silence », estime RSF.

Ambre Giraud (3ème) pour le texte & Jehanne Bordes (3ème) pour le Pioupiou