La presse satirique et la guerre ne vont pas ensemble? Pourtant, elle est née pendant la guerre, et a lutté, dans tous les conflits, pour continuer à donner de la voix.
La presse satirique, comme tout média, est avant tout un outil au service de l’information et de la liberté d’expression. Elle n’a pas toujours été acceptée, mais s’est toujours battue pour l’être : contre l’Etat lorsuqu’il utilise la propagande, contre les informations mensongères, contre les intérêts économiques, le conformisme, la censure, contre tout ce qui sévit en fait en période de guerre. Et pourtant, elle est née de la guerre…
Durant la première guerre mondiale (1914 – 1918), une grande partie des journaux de presse satirique française du XIXème siècle n’a pas réussi à survivre au premier jour de guerre : départ au combat de nombreux dessinateurs, pénurie de toutes sortes. De plus, à cette époque, la presse européenne était censurée car trop dérangeante, trop peu respectueuse du discours dicté par le gouvernement. C’est pourtant à cette période que va naître un titre emblématique : Le Canard enchaîné, un des grands quotidiens satiriques du XXème, créé 2 fois : le 10 septembre 1915 (mais ce premier essai était prématurée : La France était encore trop bercé des écrits mensongers racontant ces soldats qui « moururent joyeusement ») et le 5 juillet 1916, tentative réussie, par Maurice et Jeanne Maréchal. Ce journal , en plein conflite, se déclare «pacifiste», «anticlérical» et «antimilitariste». Le Canard enchaîné est le seul journal créé pendant le Première Guerre Mondiale qui traversera (presque) toutes les époques : la vérité est la principale valeur défendue par les journalistes, et elle se parera souvent des accents de la satire pour la faire entendre.
Durant la seconde guerre mondiale, avec l’occupation allemande, la presse est censurée dans les pays occupés. Le Canard enchaîné, qui avait pourtant survécu durant la première guerre mondiale, va arrêter de lui-même ses publications jusqu’à la fin de la guerre, refusant de collaborer au régime en place. Des caricatures vont continuer tout de même à être publiées, mais ce sont le plus souvent des images de propagande, explicites et sans équivoque.
Or c’est peut-être là le grand tournant qu’a représenté́ la Seconde Guerre mondiale dans l’histoire des caricatures : entrées dans les colonnes des journaux « sérieux », elles n’en sortiront plus, mais, à la fin de la guerre, elle serviront à critiquer l’ordre établi et les puissants, de plus en plus librement. « Pour les Français, la guerre sera finie quand ils pourront lire le Canard enchaîné… » affirme Pierre Brossolette, et c’est ce qui se passera dès le 06 septembre 1944 : le célèbre canard donna de nouveau de la voie, et ce coin-coin là montre que cette presse satirique est un contre-pouvoir essentiel à la démocratie, indispensable pour chacun ait tous les éléments pour pouvoir construire librement ses idées.
Julie Espaliat (3ème)
Sources d’information : lhistoire.fr, wikipedia.org, centenaire.org