L’important n’est pas de participer

Impossible de parler des jeux Olympiques de Paris 2024 sans évoquer Pierre de Coubertin. Je pourrais commencer par vous dire qu’il est surprenant, abracadabrant, antinomique, complètement con d’associer ce type célèbre au centenaire officiel des jeux de Paris, car, en 1924, si notre Pierrot national a 61 ans et est au sommet de sa carrière, il est aussi à l’acmée de la bétise : 5 ans d’études en sciences politique, une carrière publique exemplaire, des idées innovantes dans le sport et les relations internationales, pour, au final, être diplômé « misogyne » ! Voici le destin de Pierre de Coubertin… 

© Gelluk

Sur le modèle britannique, Pierre de Coubertin veut internationaliser le sport en créant de nombreux dispositifs comme la création des revues athlétiques, puis les sports athlétiques. Il s’intéresse au développement du sport en France et dans le monde. En 1896, Coubertin devient président du CIO et  organise le second congrès olympique en 1897. S’il est visionnaire quant aux JO, on aurait peut-être du se méfier d’un type qui construit l’avenir en regardant le passé… Comme tous les hommes de ce temps, dotés d’un égo hypertrophié, bouffi, turgescent, il a été incapable d’intégrer les femmes à cette compétition : « Le rôle de la femme reste ce qu’il a toujours été : elle est avant tout la compagne de l’homme, la future mère de famille, et doit être élevée en vue de cet avenir immuable », écrit-il en 1901. Pour lui, les JO constituent « l’exaltation solennelle et périodique de l’athlétisme mâle avec l’applaudissement féminin pour récompense ». 

J’en reste sans voix… Car on reconnait dans ses phrases son talent pour les mots, mais au service d’un combat immonde. Car il a eu du talent. Pour lui, les jeux devraient être d’abord réservés aux purs amateurs, le  règlement interdisant la participation de sportifs professionnels, contrairement  à aujourd’hui où la professionnalisation des athlètes masquent souvent les athlètes. Il a aussi le talent de reconnaître celui des autres :  vole la vedette à Jean Durry, en s’attribuant cette phrase célèbre : « L’important est de participer »! On se souvient de cette phrase, qui n’est pas de lui, mais pas de ses mots mysogines, qui sont bien de lui : du talent, je vous le disais, et on comprend qu’il ait inspiré nombre de politiques. Devant le refus du Baron de Coubertin d’inclure des épreuves féminines d’athlétisme au JO d’Anvers en 1920, elle organise en 1921 les premiers jeux mondiaux féminins d’athlétisme à Monte-Carlo.  Malgré l’interdiction, les femmes essayaient tout de même de participer en se déguisant en homme, un comble! Le CIO autorisera finalement les femmes lors d’épreuves d’athlétisme et de gymnastique aux JO de 1928.

Mais a-t-on oublié ses propos injurieux envers les femmes parce que notre monde est totalement différent, complètement égalitaire, profondément féministe? Aujourd’hui les femmes se battent toujours pour l’égalité : de nombreux exemples nous le prouvent tous les jours, dans l’actualité. Lorsqu’on publie le salaire des joueurs de foot, Mbappé, la star, affiche un salaire encore plus élevé que l’égo de Coubertin, en gagnant plus de six millions d’euros par mois (ce n’est pas une erreur, j’ai bien dit « par mois »), mais la joueuse la mieux payée en France, Marie Antoinette Katoto,  gagne environ cent fois moins que Kylian. Le sport en général, les Jeux Olympiques en particulier, sont marqueurs de l’évolution des femmes dans la société : encore souvent exclues, régulièrement dénigrées, rabaissées, réduites aux disciplines artistiques. D’ailleurs en 2007, la Charte olympique établit officiellement que le rôle du CIO est d’encourager et soutenir la promotion des femmes dans le sport, à tous les niveaux et dans toutes les structures, dans le but de mettre en œuvre le principe d’égalité entre homme et femme, ce qui prouve bien qu’on n’y est pas à cette égalité homme femme.

Quant à la devise olympique : « Plus vite, plus haut, plus fort – ensemble! », proposée par le baron Pierre de Coubertin à la création du Comité international olympique en 1894 à la Sorbonne, Coubertin l’a « empruntée » à un prêtre dominicain, Henri Didon, un type en robe : doit-on y voir un clin d’oeil du baron pour nous inciter à faire tous les efforts pour que cette égalité des sexes se réalisent enfin? On peut l’espérer, quand on se rappelle qu’il avait déjà piquer sa formule « l’important est de participer » à un évèque!

Axelle CHASTAGNIER MATOS & Lola URTIZBEREA & Lou FERRAND (3ème)

 

 

 

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