Haucourt, 10 avril 1916
Que nous reste-il qui ressemble à la vie ? L’image de sa bien-aimée rangée dans la poche intérieure gauche de la vareuse, les souvenirs, et puis il y a les mots… mots que nous avons détournés, colorés, pour rire, des mots violents de vie pour ne pas dire…
Voilà ce que l’on dit
Le soleil brille. Assis sur mon barda, j’ai posé mes escarpins de chasse-bite. Et la tête décorée de mon museau de cochon, j’écoute les abeilles au loin. Je regarde devant moi le séchoir sur lequel est appuyé ma rosalie. Musiciens, gros cul, un jus et je me sens presque bien dans ce trou de marmite. Des totos me tiennent compagnie. Il y a quelques heures, un galonnard a mis en route les moulins à café.
Maintenant , no man’s land.
Voilà ce que l’on vit
Le soleil brille. Allongé sur ma tenue de soldat, j’ai posé mes chaussures de chasseur à pied. Et la tête posée sur mon masque à gaz, j’écoute au loin le sifflement des balles de fusil. Je regarde devant moi le barbelé sur lequel j’ai appuyé ma baillonnette. Haricots secs, tabac à pipe, un café et je me sens presque bien dans ce trou d’obus. Des poux me tiennent compagnie. Il y a quelques heures, un supérieur qui aimait plus ses galons que ses hommes a déclenché les mitrailleuses.
Maintenant la zone est dévatée.
Ailleurs, d’autres mots…
Sous les murs de Verdun, « on les aura! » dit Pétain…
Maeli FAYE MERINO (3ème)