De tableau en tableau…

Le Tableau, le dernier film d’animation de Jean-François Laguionie, propose une intrigue originale : les personnages, chacun animé par une quête très personnelle, devront voyager à travers les tableaux d’un peintre, en s’entraidant, pour ramener la paix dans le tableau dont ils se sont eux-même échappés…

15-Le-Tableau-filmDans un tableau inachevé, les personnages imaginés par l’artiste ont fini par construire un monde hiérarchisé, avec trois classes sociales, très proches de l’univers des contes : les Toupins, totalement colorés, qui se croient pour cela supérieurs aux autres, et qui ont pris le pouvoir et paradent dans un palais; les Pafinis, qui sont mis à l’écart, dans des cabanes, au milieu de la forêt, parce qu’ils leur manque une touche de peinture, parfois minime, mais suffisante pour les distinguer des puissants; les Reufs (de l’anglais rough : ébauche, brouillon), enfin, laissés par l’artiste à l’état d’esquisses, qui sont pourchassés, humiliés, battus, parce que condidérés comme une insulte à la beauté du monde des Toupins.

Ramo, un amoureux idéaliste, du monde des Toupins, mais épris d’une Pafini, se lance dans une quête impossible : afin de pouvoir vivre son amour, il part à la recherche du peintre,  pour qu’ils puissent finir son oeuvre, ramener de l’harmonie dans ce monde injuste, et lui permettre, enfin, d’épouser sa bien-aimée, Claire, superbe , mais dont le visage n’a pas été coloré (un vrai Modigliani, mais  monochorme). S’embarqueront avec lui dans cette aventure la jeune Lola, amie de Claire, mais surtout curieuse du monde extérieure, amoureuse de l’ailleurs, de l’inconnu, et Plume, un Reuf qui poursuivra un but plus secret, plus humain aussi…

En parcourant les mondes imaginés par leur peintre, ce petit groupe va découvrir d’autres créatures de l’artiste, certaines attachantes, comme le jeune soldat Magenta, qui ne voulait pas aller à la guerre, mais qui voulait voir la mer, d’autres plus inquiétantes, comme cette faucheuse du carnaval de Venise qui ne semble pas, elle, masquée… Ils vous feront aussi redécouvrir des belles toiles, réelles, de nos peintres, dont s’inspire leur peintre à eux : vous aurez ainsi la chance d’entendre la belle Odalisque de Delacroix, à la voix aussi sensuelle qu’on l’imaginait, conserve avec l’arlequin bleu de Picasso (tiens, dans ce tableau-là, nous n’entrerons pas…) et l’autoportrait à la façon de Renoir. Si ces mises en abyme ne font que rappeler un thème assez classique en art, avec La Rose pourpre du Caire de Woody Allen, ou Qui veut la peau de Roger Rabbit, l’originalité tient à la personnalité du réalisateur : Jean-François Laguionie est un passionné d’images, de couleurs, de poésies et d’émotions : son film est  à son image!

Emmanuel TRINQUET (6ème)

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