A l’instant où j’écris, nous en sommes au début de la quatrième semaine de confinement.
La première semaine fut très enrichissante : c’était bien la première fois que je constatais l’importance de l’organisation. Pendant cette période, je ne jouais pas la carte de la procrastination, mais presque : je prenais mes devoirs au jour le jour, sans grande attention, y passait donc la journée, sans trop m’y intéresser. Malgré un réveil quotidien matinal, je trouvais le moyen de travailler jusqu’aux alentours des 18h30 : on finit par s’y habituer. L’ennui remplaça peu à peu la motivation initiale, et les distractions devinrent récurrentes, tout cela contre mon gré, bien sûr. Suis-je responsable de tout? Non… Je me suis surpris, l’autre jour, en train d’anéantir le monde à coups de bombes nucléaires : le monde, c’était mon vade-mecum de français, les bombes, des stylos en tous genres… À qui la faute…? Enfin, le meilleur prétexte au repos sacré vint : le week-end!
Repos sacré ? Que nenni! Pas lorsqu’on se rend compte que les tâches ménagères quotidiennes qui, en temps normal, ont été (miraculeusement) enlevées, retirées, extirpées, que dis-je extirpées, énucléées de mon cerveau, sont réapparues violemment! Car il n’y eut pas seulement l’organisation des devoirs que je découvris : il y a aussi l’inévitable symbiose entre les tâches scolaires et les tâches domestiques. Du coup, ce week-end tant attendu s’est transformé en cauchemar!
La seconde semaine fut (en certains points) plus vivable : en effet, je commençais à connaître ce terrain miné qu’est le télétravail, vaste espace temporel parsemé de bugs informatiques et bombardé sans cesse de travaux divers et variés, chacun dans son idiome respectif (anglais, français, espagnol, latin, euclidien…). J’ai même fini par m’habituer aux attaques furtives d’une grande collaboratrice de mes professeurs : ma mère. Mais, fort heureusement, mon organisation croissante me permit un temps de réconfort, loin des devoirs, des ordinateurs et de la harpie matriarcale : je n’ai jamais autant apprécié la proximité géographique de mon prof de boxe, mon voisin! Il me fait des « cours personnalisés » : je ne l’en gratifierai jamais assez.
Lors du week-end qui suivit, je me rendis compte d’une notion que j’avais auparavant sous-estimée : les changements psychiques engendrés par le confinement. En effet, l’enfermement transforme certains parents en bêtes féroces, facilement irritables, et vivement irritantes. Moi qui pensais avoir de cruels monstres comme parents, j’ai dorénavant l’impression de vivre avec des Titans affranchis de leurs châtiments, revenus à la surface de la Terre pour se venger en détruisant l’humanité (vous trouvez que j’abuse ? Oui, peut-être un peu…).
Bien sûr, je peux respirer un autre air que celui pollué par le souffle rocailleux des Titans : j’ai un jardin ! Cela permet de prendre l’air, de « faire le vide », calmer un peu tout le monde. Vous imaginez un confinement avec Milice sur le dos ? Non? Moi si…
La troisième semaine fut quasi identique à la seconde, quoi que plus électrique. Une tension qui commence d’ailleurs à m’ennuyer… Je vous en parlerai dans un prochain billet d’humeur!
Sacha Coulaud-Tehei (3ème)