À l’instant où je vous écris, je suis au 14ème jour de mon parcours de « contaminées du covid-19 ».
Dans la nuit du 26 au 27 mars, malgré le fait que je suis bien restée confinée chez moi, les premiers symptômes se déclarent : une toux grasses et des difficultés respiratoires. Alors, le lendemain mes parents prennent rendez-vous chez mon médecin traitant. Il m’ausculte et détecte une pneumonie des deux poumons. Il me renvoie chez moi, mais l’après midi, mon état se détériore. Il m’envoie alors passer une radio des poumons à l’hôpital.
Vendredi 27 mars 17:30 : Je suis arrivée à l’accueil des urgences, la secrétaire me prend la température : 39,7. Je suis alors vite réorientée vers une grande tente de la croix rouge, dehors, en attendant qu’un docteur vienne me voir.
18:30 : Le docteur décide de me placer aux urgences. Arrivée dans une chambre des urgences, deux docteurs et trois infirmières habillés et couverts de la tête aux pieds (charlotte pour la tête, lunettes spécifiques, double masque, combinaison, en dessous d’un tablier, charlotte pour les chaussures, doubles paires de gants) viennent prendre mes constantes, me font des prises de sang et me mettent une perfusion. Il détecte également une agueusie : c’est l’absence d’odorat et de goût.
20:00 :Je suis emmenée dans le service covid-19 en pédiatrie.
20:30 : Je passe un scanner des poumons, en urgence, qui révélera plus tard que le virus s’y trouve bien.
Samedi 28 mars : La nuit a été très courte. J’ai des infirmières pour moi toute-seule qui viennent me voir toutes les heures. On me fait le test du covid-19, qui s’avère être très douloureux. En effet les infirmières enfoncent un coton tige de 15 à 20 centimètres dans les conduits nasaux.
Samedi 28 mars, après midi : Le médecin a décidé de m’oxygéner et de placer un humidificateur d’air dans ma chambre. Les infirmières viennent changer les draps de mon lit toutes les deux heures, et désinfectent la chambre intégralement. Je dois également prendre ma douche environ toutes les 4 heures.
Dimanche 29 mars : Le premier test s’est révélé négatif, ils m’en ont fait un autre. Je suis de plus en plus essoufflée. Le pédiatre et l’infectiologue décident d’augmenter l’oxygénation.
Lundi 30 mars : Les journées commencent à être longues. Eslle se résument à aller me doucher, à regarder Netflix, lire, manger et dormir. Le deuxième test se révèle encore négatif, encore un troisième est effectué, le plus douloureux, je saigne beaucoup du nez et de la bouche. Les repas se répètent (je n’ai plus d’odorat…), le traitement est lourd, du moins les antibiotiques, alors tous les jours c’est pâtes avec du steak et 3 yaourts en dessert.
Mardi 31 mars : Le test s’est enfin révélé positif, ma respiration est beaucoup plus fluide, mais la solitude me pèse car je n’ai le droit de voir aucun de mes proches.
Mercredi 1 avril : Je ne suis plus oxygénée, les douleurs au thorax disparaissent peu à peu. Mon état s’améliore.
Jeudi 2 avril: Les infirmières m’ont dit que, depuis le début de mon hospitalisation, elles avaient jeté 37 sacs poubelles rien que pour moi! Mon état se stabilise.
Vendredi 3 avril : Enfin ! La pédiatre et l’infectiologue m’annoncent que je peux rentrer chez moi. Je dois par contre rester en isolement dans ma chambre, deux semaines. Mes parents ont aménagé le studio qu’on a à la maison.
Dimanche 5 avril : J ai fait une rechute, mais c’est courant avant la guérison. Il me reste une semaine avant que les symptômes disparaissent. Il me restera ensuite 2 à 4 semaines de guérison totale. Je retrouverai le goût et l’odorat d’ici 6 à 8 semaines. Cela a un côté pratique, car je peux manger des choses que je ne mange pas d’habitude !
Mercredi 8 avril : Je m’habitue à l’isolement, mes parents et ma sœur me parlent à travers la fenêtre, ils m’apportent mes repas devant la porte : cela a un côté assez drôle quand même ! Je ne serais pas prête d’oublier cette période de ma vie.
Jeudi 9 avril (aujourd’hui) : Je rattrape mes cours, et reprends peu à peu le cours de ma vie.
J’aimerais remercier mes proches, mes professeurs, et la direction, qui m’ont épaulée chaque jour dans cette période difficile. Un grand merci à tout le personnel et les soignants qui n’ont pas hésité à s’occuper de moi, à rester à mes côtés, afin de m’aider, malgré les risques qu’ils prenaient. Personne est invincible contre ce virus, c’est pour cela que vous devez respecter les décisions du gouvernement : RESTEZ CHEZ VOUS !
Agathe Juillard (3ème)