Billet de mauvaise humeur

Jour 0 : Message sur Pronote de Monsieur Mathieu : « Nous allons ouvrir sur « Lettre ouverte au monde » une rubrique « Depuis ma fenêtre » : l’idée est que chacun d’entre vous rédige un « billet d’humeur » pour rendre compte de votre manière de vivre le confinement. Cela doit être très personnel, drôle ou émouvant, toujours pertinent. ». Il nous laisse trois semaines pour nourrir cette rubrique. Je vais donc compter les jours des 3 semaines à venir… Ce sujet ne m’inspire pas, mais pas du tout ! Je n’aime pas parler de moi, je suis anti-réseaux sociaux. Je ne comprends pas mes congénères qui passent des heures à filmer ce qu’ils font toute la journée, à raconter leur petit train-train quotidien, même quand ils ne font rien, c’est un comble ! Alors, parler de mon humeur, hors de question, ça ne regarde que moi ! Bon, ok, ceux qui la subissent aussi…

Allez, c’est parti, commençons le décompte…

J-21 : J’ai le temps. Encore trois semaines pour être, peut-être un jour, d’humeur à faire le billet d’humeur.

J-20 : Pas d’humeur… Ma mère, elle, est d’humeur joyeuse. Elle a trouvé un billet d’humeur d’un père qui craque pendant cette période de confinement. Elle pleure tellement de rire qu’elle n’arrive pas à me le lire. Mon frère rapplique, et là, j’ai l’impression d’avoir deux idiots devant moi en train de glousser et incapables d’articuler le moindre mot. Ce n’est pas ça qui va me donner envie d’écrire ce billet.

J-19 : Génial, on a plein d’autres devoirs : le billet attendra… De toute façon, je n’ai toujours pas fini de repeindre ma chambre !

J-18 : Je laisse sécher la sous-couche dans ma chambre. Je crains qu’elle ait bien le temps de sécher : je n’ai pas la peinture définitive.

J-17 : Le côté chambre d’hôpital de ma chambre commence à me déprimer. Ces murs blancs, ça ne me ressemble pas. J’aurais dû attendre d’avoir la peinture définitive avant de me jeter sur les pinceaux.

J-16 : Toujours pas d’humeur pour faire le billet d’humeur…

© kakisteanne.canalblog.com

J-15 : Rien à déclarer !

J-14 : Mes parents, même mon frère, me relancent en continu sur ce billet d’humeur… Heureusement que Monsieur Mathieu a de la ressource et qu’il nous inonde d’autres devoirs à faire, ça me laisse toujours une excuse.

J-13 : Jour de grève !

J-12 : Toujours en grève ! Deux jours, c’est plus crédible, pour une grève. Marre des devoirs, de la peinture, je reste dans ma grotte, comme dit mon frère.

J-11 : Je reprends les devoirs. Pronote devient une drogue. Je vais voir de façon compulsive les devoirs à faire. Je me demande s’il va falloir prévoir une cure de désintox en sortant du confinement…

J-10 : Monsieur Mathieu m’inquiète… J’ai à peine rendu mes devoirs, qu’ils sont déjà corrigés. Peut-être que lui aussi va avoir besoin d’une cure de désintox. Ça me stresse encore plus. Si je lui rends mon billet d’humeur (ok, je l’admets, je suis en train de me résoudre à l’idée de devoir le faire, un jour), il va le corriger aussitôt, et le nouveau compte à rebours des 21 jours va de nouveau commencer pour devoir rendre le prochain… J’angoisse ! Au secours !

J-9 : Je crois que Monsieur Mathieu est rentré en désintox. Absence de sa présence sur Pronote, pas de nouveau devoir… C’est vraiment suspect, mais c’est tellement bien !

J-8 : C’est sûr, il est en désintox, toujours aucun nouveau devoir ! Cela devait être grave,  s’ils l’ont embarqué, malgré le confinement. C’est terrible, pour lui,  mais c’est tellement bien pour moi !

J-7 : J’ai commencé mon billet d’humeur, en souvenir de Monsieur Mathieu. Vu que ça sera notre dernier devoir de français, je peux faire un effort.

J-6 : Je me suis fait avoir ! Il est revenu ! Peut-être qu’il faisait simplement grève en fait, ou alors, c’était pour m’inciter à faire ce billet… Il a gagné ! J’y pense :  je suis tellement perdue dans les jours, que c’était peut-être juste le week-end…

J-5 : Je capitule. Je rends mon billet de mauvaise humeur. Et vivement les vacances, qu’on n’ait pas de devoirs!

Rosalie Dehaine (4ème), pour le texte – Mila Soulier (4ème), pour le Pioupiou