Poil à gratter – allezZOU!

Le continent est immense, et le bonhomme finalement tout petit : pourtant Gado, en véritable poil à gratter, secoue l’Afrique de son humour noir.

Région du monde où la liberté d’expression n’est pas coutumière, où les régimes peu démocratiques se succèdent, l’Afrique, a, depuis les années 1990, au sortir de l’emprise coloniale, développé l’art de la satire. Le franc succès des écrits et dessins du genre, pourtant freiné par le manque de moyens de communication, de transport, par l’analphabétisme et la censure que les politiques exercent en permanence, témoigne probablement de sa nécessité, de l’impérieuse nécessité pour vivre librement d’épouser la liberté de penser.

« Merci Messieurs. Ça a été un plaisir de faire affaire avec vous…! » nytimes.com

Gado, dessinateur de presse, a consacré sa vie à défendre cette facette de la liberté d’expression. Il s’attaque à tout : de l’homme d’Etat kenyan William RUTO (qu’il dessine systématiquement avec un boulet et des chaînes symbolisant sa poursuite par la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité) aux élections Américaines, en passant par le Covid : on y retrouve le bestiaire et les techniques simples de la culture de la satire, mais ça gratte!

« La plupart du temps, je fais des dessins pour essayer de donner une perspective africaine sur un tas de problématiques » nous dit-il. Les caricatures de Gado ont été publiées dans différents journaux, européens, nord-américains, asiatiques et, bien sûr, africains… Non sans obstacles pourtant : Il a été licencié par le journal « Daily Nation » en février 2016, principal quotidien d’Afrique de l’Est, où il travaillait depuis 1992 qui a ainsi cédé aux pressions gouvernementales.

Son courage, sa détermination, son talent et sa tolérance ont été récompensés par de nombreux prix : prix du Prince de Claus (2007), prix du dessinateur de presse de l’année (Kenya-1999) et, consécration, il a reçu en mai 2016, le prix Cartooning for Peace de la ville de Genève.