Crayons haut!

Depuis 2006, la fondation Cartooning for Peace, devenue aujourd’hui internationale, et ses 225 dessinateurs se battent pour la défense des libertés fondamentales, avec, comme seule arme, le dessin de presse.

Suite aux réactions face à la publication des caricatures de Mahomet, le 30 septembre 2005, dans un journal danois, une réunion entre 12 dessinateurs internationaux a été organisée le 16 Octobre 2006 à New York, au siège des Nations Unis, par Kofi Annan, prix Nobel de la Paix et secrétaire général des Nations Unis, et Plantu, un dessinateur français. De là est née l’association Cartooning for Peace, dont le nom est extrait de l’intitulé du colloque autour duquel a eu lieu la réunion : « Désapprendre l’intolérance – dessiner pour la Paix ».Tout d’abord implantée à Genèvre, avec Kofi Annan comme président, elle apparaît aussi en France, dans les locaux du journal Le Monde. Cartooning for Peace est, en effet, une association qui défend plusieurs causes comme la paix, bien sûr, mais aussi les libertés fondamentales, dont la liberté d’expression, cause chère à l’association, ou le respect des cultures et des opinions, avec tout de même une particularité : ses causes sont défendues à travers le dessin de presse, très influent sur la société. Pour y parvenir, Cartooning for Peace permet aux dessinateurs de se réunir pour échanger leurs idées et leurs points de vue sur la société. La fondation propose aussi des expositions dans le but de sensibiliser la population et de rapprocher le dessin de presse du public. La première exposition Cartooning for Peace est créée lors de la réunion fondatrice de 2006, puis la deuxième est dévoilée pour la toute première fois en 2007, au Palais des Nations à Genève, avant d’être présentée au ministère de la Culture, à Paris, puis à Rome et à Atlanta. En 2013, Cartooning for Peace décide de se mettre au service de l’Éducation Nationale avec la présentation d’une exposition dédiée, cette fois, aux enfants.

© Plantu, « Je ne dois pas dessiner Mahomet », www.seuil.com

L’exposition, composée de douze panneaux, complétée par un livret pédagogique, est utilisée comme un outil éducatif, et prêtée gratuitement aux établissements scolaires de niveau lycée et collège, le but étant de faire comprendre l’importance et le rôle du dessin de presse et d’étudier les thématiques fondamentales. L’exposition traite d’un certain nombre de sujets relatifs à la société, comme la liberté d’expression, la paix et la guerre, la censure, la protection des enfants, l’égalité homme femme, les discriminations ou encore l’écologie, qu’elle explique à travers et par le fil conducteur du dessin de presse. Quelques citations, aussi, sont insérées entre les dessins de presse. Certaines font partie de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, comme la citation de l’article 19 pour illustrer la liberté d’expression. D’autres sont des dits d’humoristes ou de dessinateurs, comme cette phrase de l’humoriste français Pierre Desproges : « on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde ». Du côté des dessins de presse, l’exposition est très riche. Le dessin de Plantu, ci-contre, en est un extrait intéressant sur lequel on peut trouver les procédés de répétition et d’écart qui sont respectivement illustrés par le nombre et la forme (visage de Mahomet) des écritures « Je ne dois pas dessiner Mahomet ». L’exposition a réuni un certain nombre de dessinateurs de tous pays, comme Kap, de l’Espagne, Dario, du Mexique, ou encore Côté, du Canada, mais aussi des dessinateurs français comme Jiho, Willem, Yas ou Plantu, ce dernier qui, comme précisé plus haut, est un des fondateurs de Cartooning for Peace.

Jean Plantureux (alias Plantu), né le 23 mars 1951 à Paris, dessine depuis toujours. Enfant, il exaspérait ses parents par ses mauvais résultats scolaires : « Je suis devenu dessinateur parce que je ne savais rien faire d’autre ». Il suivit sa scolarité à l’école Patay, située dans le 13e arrondissement, puis décroche son baccalauréat en 1968. Il poursuit ses études du lycée Henry-IV à la faculté de médecine, avant de partir à Bruxelles pour prendre des cours de bande dessinée. Il publie son premier dessin, en 1972, au journal Le Monde, auquel son nom restera attaché. Il mène par la suite une carrière de 49 ans pendant laquelle il dessine pour ce même journal et plusieurs autres magazines, dont Phosphore, ou encore Bayard Presse et Notre Temps. En 2002, il a déjà publié 54 800 dessins. Il prend sa retraite le 31 mars 2021 et laisse sa place à la Une du Monde à ses confrères de Cartooning for Peace.

Léandre Courrège (4ème)