Pendant cette campagne présidentielle, une ville fait polémique : son maire a supprimé de la programmation un film qu’il trouve caricatural pour son parti politique, et contraire aux idéologies qu’il défend.
En février 2017, la sortie du nouveau long métrage Chez nous du cinéaste Lucas Belvaux, ne passe pas inaperçue. Cela raconte l’histoire, dans un village fictif du Nord, d’une jeune infirmière qui se reconvertit dans la politique afin de se présenter aux élections municipales. Suite à ce choix, elle se fera manipuler par les représentants d’un parti, le Bloc Patriotique, dirigé par une femme blonde, et se mettra à dos des pratiquants de diverses religions dans sa propre commune.
Steeve Briois, vice-président du Front National s’exprime sur les réseaux sociaux : « Pauvre Marine Le Pen, qui est caricaturée par ce pot à tabac de Catherine Jacob. Un sacré navet en perspective ! » . Devant l’étrange ressemblance physique du personnage, jouée par Catherine Jacob, avec la présidente du FN, le maire de Luc-en-Provence, Pascal Verelle (représentant du parti FN) réplique, lui, par la censure : le film est déprogrammé du cinéma municipal.
La « censure municipale » s’attaque également à d’autres causes, bien différentes : à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, le maire Bruno Beschizza (du parti Les Républicains) critique sévèrement des affiches pour la lutte contre le SIDA, qu’il déclare « choquantes pour nos enfants » : polémique sur les réseaux! En réponse, il impose l’arrêt de la campagne et la suppression de toutes les affiches mettant en scène des couples homosexuels. La mairesse de Paris, Anne Hidalgo (du PS), a censuré deux livres de jeunesse : Beta civilisations et Dictionnaire fou du corps , accusés de pouvoir être choquants pour les jeunes lecteurs (devant la pression des bibliothécaires, elle fera marche arrière). La mairie d’Argenteuil se mure dans le silence quand son maire, Georges Mothron (LR) est vivement critiqué pour avoir demandé la déprogrammation de deux films : l’un sur le mariage pour tous, et l’autre sur la Palestine.
Le cinéma , depuis sa création, a souvent été censuré, dans de nombreux pays : La Dernière tentation du Christ, de Martin Scorsese en 1988, censuré pour sa présentatoin de la religion chrétienne qui dérangea les américains (des extrémistes catholiques mettront même le feu au cinéma Espace Saint-Michel, à Paris); La Grande Bouffe, de Marco Ferreri en 1973, interdit en salle parce que jugé indécent. Nuit et Brouillard, d’Alain Resnais 1955, censuré parce que la France mettait la faute entièrement sur les allemands et niait sa participation à la Seconde Guerre Mondiale et à la mise en oeuvre de la solution finale. Des censures certes contestables, mais qui font débat dans la société.
Dans le cas de Chez Nous, ce n’est pas le cas : un homme seul décide de ce qui doit, ou pas, exister… Si un maire commence à décider des films que peuvent voir leurs concitoyens, il pourrait aussi décider de ce qu’ils doivent lire, de ce qu’ils doivent manger, de ce qu’ils doivent porter dans la rue, de ce qu’ils doivent écrire…
Lisa DARRIN, Emma MEHAYE & Anaïs FAYE (3ème)