Ambassade

Accroupie derrière le 4×4, Léa jeta un coup d’œil furtif par-dessus son épaule. Elle sursautait de temps en temps, lorsqu’une voiture passait dans la rue obscure. Les lampadaires jetaient sur les haies leur lumière orangée et lui permettaient d’apercevoir les contours de la maison, dont les propriétaires étaient sortis. Ses jambes ankylosées lui faisaient mal, mais elle n’osait pas changer de position, de peur de faire crisser les cailloux sous ses pieds.

Soudain, une silhouette se détacha de la maison, le dos voûté. Elle reconnut Sébastien. Dès qu’il fut à sa hauteur, elle murmura :

– Tu l’as ?

Il tapota la poche intérieure de sa veste de cuir noir en acquiesçant d’un signe de tête.

– Allons-y, pas la peine de s’éterniser ici.

Ils longèrent la rue bordée de grandes maisons bourgeoises et arrivèrent à leur camionnette. Sébastien s’installa derrière le volant, enleva sa veste et la jeta côté passager tandis que Léa grimpait à l’arrière. La camionnette cracha, puis partit dans la nuit.

Léa ouvrit un sac et en sortit une robe noire et des escarpins assortis, et commença à se changer. En arrivant à Londres, elle remplaça Sébastien pour qu’il puisse revêtir son costume. Vers vingt-deux heures trente, elle se gara devant l’ambassade de France. Ils se présentèrent sous le nom de Mr et Mrs Thompson et Léa tendit l’invitation à l’homme en costume et cravate noirs qui hocha la tête et les fit entrer.

Une demi-heure plus tôt, Sébastien avait tendu une carte à Léa par-dessus le siège conducteur.

– Tiens, c’est l’invitation. La perds pas! avait-il dit, avant de repasser la tête à l’arrière.

En entrant dans le hall de l’ambassade, un jeune homme prit leurs manteaux et les conduisit dans la salle de réception, noire de monde. La pièce était magnifique, avec un superbe plafond peint et des rideaux de velours aux fenêtres. Ils ne prirent pourtant pas le temps de s’arrêter.

Léa balaya l’endroit du regard et repéra sa cible. Il était entouré de ministres, mais, usant de son charme, elle parvint à l’aborder et commença à lui parler en anglais. Elle lui sourit et l’emmena à l’écart. Sébastien les suivait de près, et quand Léa l’eut entrainé dans la pièce voisine, il les rejoignit et referma la porte derrière lui. Dans la grande salle, les gens se parlaient, plaisantaient. Soudain, un cri retentit, aussitôt suivi d’un coup de feu assourdissant.

Alix Barret (3ème – 2011/2012)