La pièce avait une dizaine de fenêtres et trois baies vitrées qui, parait-il, donnaient « une luminosité et une chaleur somptueuses » à la salle à manger. Malheureusement, quand j’arrivai devant l’immense maison, il était six heures du matin et il faisait encore nuit. Je sonnai. Le majordome m’accueillit :
– Bonjour Mademoiselle, comment puis-je vous être utile ? me dit-il avec un léger accent anglais.
– Bonjour, je suis Leslie Witer et …
– Nous vous attendions.
Ce domestique bien sûr de lui, qui venait de me couper la parole, s’était effacé pour me laisser entrer.
Je vous en prie… J’informe monsieur de votre présence. Allez donc vous réchauffer devant la cheminée de la salle à manger : ce petit matin me semble bien frais pour une jeune femme aussi gracile que vous…
M et Mme Caballero m’avaient appelée, deux jours auparavant, pour retrouver leur fille disparue depuis une dizaine de jours. La police, aidée des maîtres chiens, avait passé la campagne au peigne fin : en vain. Le couple pensait sans doute qu’une enquêtrice privée d’une trentaine d’années (installée depuis un mois dans le métier…), aidée de son chien (un basset asthmatique) et des nouvelles technologies du XXIe (j’avais enfin réussi à consulter le répondeur de mon portable, pour y trouver un message de ma mère qui me demandait si je pouvais la conduire chez son coiffeur, car il lui fallait une nouvelle permanente), qu’un tel as des déductions pourrait être plus efficace que quatre brigades de gendarmerie.
Bizarrement, j’étais aussi de leur avis !
Alexia Phélizon (3ème – 2010/20101)