Mon ami était dans un état critique : le chirurgien m’avait annoncé cela sans état d’âme.
C’était le 19 décembre, Marc et moi étions sortis boire un verre. Plusieurs verres… En rentrant, vers vingt-trois heures, il me dit, après une pause sérieuse, qu’il ne faudrait pas que je lui en veuille… je ne savais pas de quoi il parlait; je mis cette phrase quelque peu étrange sur le dos des verres de vodka que nous venions de nous enfiler, et je ne répondis pas. Je le déposai chez lui, lui souhaitai bonne nuit et allai me coucher.
Voilà où nous en étions. J’étais là, dans la très spacieuse salle d’attente de la clinique Burfinger. Lui agonisait dans un petit lit des soins intensifs.
La police était venue m’interroger, j’avais été la dernière personne à avoir vu Marc. Ils m’avaient demandé si je connaissais quelqu’un qui aurait pu lui en vouloir. Quelle question! Il était généreux, heureux de vivre, l’écologie à laquelle il était dévoué occupait une place importante dans sa vie : les gens l’aimaient. Il avait la quarantaine bien entamée, il était blond, grand, les yeux verts… : les femmes l’aimaient! C’était mon ami depuis l’âge de cinq ans. Et maintenant, à cause d’une personne dont j’ignorais certainement tout, hormis sa cruauté, Marc était allongé sur ce lit d’hôpital.
Au journal télévisé – que je regardais distraitement devant les somptueux écrans plats de la clinique- on ne parlait que des élections présidentielles, dont les résultats seraient annoncés le soir même.
« D’après les premiers résultats, le parti socialiste est annoncé en tête des votes au coude à coude avec les Verts, les fameux environnementalistes : l’écologie sera au centre de la campagne du deuxième tour » déclara Claire Chazal, la présentatrice populaire de la Une.
Mais, personne ne parlait de l’horrible drame qui venait de se produire, non, apparemment, ce n’était pas assez important aux yeux du peuple. La politique aveuglait trop les téléspectateurs.
Carole Vedrenne (3ème – 2010/2011)