Le Balafré

Il courait. Le plus vite possible, comme si quelqu’un le poursuivait. Ses vêtements, imbibés d’eau, lui collaient à la peau. Le temps avait été très chaud cet après-midi-là. Puis, le soir, l’orage avait éclaté, illuminant Paris par fractions de seconde, le rendant sinistre, sombre, effrayant. Dans les rues désertes, lavées par des torrents d’eau, Louis se hâtait et tenait précieusement sa mallette de peur qu’elle ne tombe dans l’eau. Enfin, il arriva chez lui et monta rapidement se réfugier dans son appartement.

Il posait sa mallette délicatement sur la table quand sa femme lui demanda :

– Tu as mis plus de temps que d’habitude… qu’est-ce qui t’est arrivé ?

– Rien… rien de spécial.

– Alors, as-tu l’argent ?

– Oui…Oui.

Il monta se changer et revint un peu plus tard, se laissa choir sur une chaise. Il prit un café. Hélène vint s’assoir en face de lui et reprit :

– Tu as bien l’argent ?

Il montra la mallette, d’un mouvement de main agacé. Insatisfaite, elle renchérit :

– Pourquoi as-tu mis si longtemps à revenir?

Léo Malet - Moynot

À cet instant, la foudre tomba à quelques mètres de l’immeuble. Il se calma et décida de lui raconter comment, comme à son habitude, il avait récupéré la mallette, pleine, et avait ensuite décidé d’aller prendre des nouvelles de Maxence. Il s’arrêta.

– Maxence n’était pas chez lui ? interrogea-t-elle.

– Non, enfin si… Tout d’abord, quand j’ai frappé à sa porte, personne ne m’a répondu, et il faisait un froid glacial quand je suis entré. Je l’ai appelé, mais personne ne m’a répondu. Je l’ai alors trouvé dans son salon, entouré d’une mare de sang, un poignard dans le cœur. Au bout d’un moment, je me suis agenouillé et j’ai retiré le poignard, machinalement. A cet instant, quelqu’un est entré et a crié, mais je n’ai pas compris ses paroles.

– Qui était cette personne ? l’interrompit-elle.

– Une femme, mais je n’ai pas eu le temps de la distinguer nettement. Ensuite, j’ai lâché le poignard et je me suis enfui par fenêtre ouverte. Je suis revenu directement ici.

– Es-tu sûr que cet homme était Maxence ?

– Oui, mais un détail a attiré mon attention : il avait une cicatrice au visage… Une cicatrice que Maxence, à ma connaissance, n’avait pas…

Elle essaya de le rassurer, elle lui dit cette femme ne le connaissait pas, que ce n’était pas lui qui avait tué Maxence, mais rien n’y fit. Il revoyait cette cicatrice, sur la joue de Maxence, cette femme inconnue, et ne comprenait pas ce qui arrivait. Tout à coup, quelqu’un frappa à la porte.

Mathilde Peyrie (3ème – 2011/2012)

L’envahissant cadavre de la plaine Monceau