L’homme était assis sur l’un des rares sièges disponibles dans le métro, les yeux gonflés par la fatigue. Il n’avait pas dormi de la nuit, ce qu’il avait fait l’obsédait.
La veille, quand le journal télévisé de midi avait annoncé la disparition de la jeune Caroline, l’homme était devenu fou, il avait sauté sur le téléphone pour appeler la mère. Cette dernière n’avait pas répondu, sûrement déjà arrivée au poste de police. L’homme, malgré son anxiété, était resté assis sur son lit, il avait mis sa tête entre ses mains, il avait pleuré. Pourquoi avait-il fait ça? Cette question le hantait. Il était sorti dans la rue, la ville lui était apparue morose, il repensait à tous ces moments passés avec sa fille, toutes ces balades qu’ils avaient faites.
Avant que le métro n’arrive à destination, l’homme observa les passagers, tous différents. Il constata que toutes les personnes jouaient un jeu, toutes se cachaient derrière un masque que personne ne pouvait retirer – l’homme et son costume impeccable dissimulant un récent licenciement, la petite fille derrière sa mère, cachant de lourdes souffrances physiques ou encore cette femme tirée à quatre épingles pour qui chaque goutte d’alcool était une larme tombée -. L’homme se mit à se ronger les ongles, ceci était devenu une habitude depuis le divorce. Les portes s’ouvrirent, il descendit, se dirigea vers la sortie. Maintenant, il devait fuir, fuir la presse, fuir la foule, se cacher. Il prit sa voiture et s’en alla loin, le plus loin possible. Sans but. N’importe où.
Il n’avait pas encore prêté attention au son de la radio allumée, mais les informations le forcèrent à s’arrêter sur le bas-côté.
– La jeune Caroline Skirst a été retrouvée mourante, attachée à un arbre. La police est arrivée à temps. Plus tard, sur son lit d’ hôpital, affectée par les horreurs de la veille, la jeune fille à accepté de faire un interview :
» Mon père devait m’emmener au cinéma, mais au moment de descendre de la voiture, papa a fermé la voiture, m’a tiré sur mon siège, il a fermé les portes. Il allait très vite, il pleurait. J’avais très peur, je ne savais où il allait. Il m’a emmenée dans un bois, m’a attachée à un arbre et puis est parti. Je suis restée plus de 24 heures accrochée, je ne pensais pas tenir jusqu’au bout… »
– Le père est recherché dans toute la région. Pour l’instant, la police n’a pas de pistes…
L’homme éteignit la radio, redémarra calmement, et disparu au loin, sur la D153…
Cléo Ravisé (3ème – 2010/2011)