Un jour, l’Éléphant, chef des animaux, envoya ses messagers donner partout l’ordre de se rendre immédiatement près de lui, et cela, sous peine de guerre immédiate.
Les animaux, ayant reçu le message, se mirent aussitôt en demeure d’obéir. Chacun fit son paquet, prépara ses provisions, prit sac, baudrier, fétiches et fusil, et se mit en route. Bientôt, les voilà tous devant l’Éléphant, les uns arrivant un peu plus tôt, les autres, un peu plus tard. Parmi ceux arrivés plus tôt, il y avait un escargot (en ce temps-là les escargots avaient mille pattes minuscules qui les rendaient rapides et toniques). Quand tous furent réunis devant leur chef, L’Éléphant dit:
– Les hommes arrivent pour nous tuer! Il faut se défendre!
Quelques heures plus tard, les animaux partirent en guerre : une marche forcée commença. Les animaux déjà cacochymes devinrent plus faibles encore, et la plupart moururent. Les animaux les plus couards abandonnèrent la guerre. Beaucoup de monde se fit occire. La guerre atteignit enfin son acmé : les animaux repoussèrent les hommes.
Sept jours plus tard, les survivants se présentèrent devant l’Éléphant qui les félicita. Parmi les rescapés, il y avait l’escargot : il fut décoré pour sa bravoure et sa vaillance, même si personne en se souvenait l’avoir vu au combat…
Quelques mois plus tard, les humains débarquèrent chez les animaux pour une autre guerre. De ce fait, l’Éléphant redonna l’ordre à tous les animaux de venir près de lui pour refaire la guerre contre les hommes. L’escargot arriva de nouveau le premier, prêt à partir au combat. L’ordre fut donné de livrer bataille, mais l’Eléphant était méfiant : il avait demandé à plusieurs animaux de surveiller l’escargot. Ils eurent du mal et le suivre (car il allait très vite), faillirent le perdre de vue (car il était agile et petit), mais on l’aperçut qui se glissait dans une coquille vide, sur le bord du chemin : tous comprirent alors où cet animal pleutre et menteur avait passé le premier combat ! La guerre terminée, l’escargot se présenta devant l’Eléphant, parmi les autres combattants valeureux, mais son stratagème fut révélé à tous :
– Pour te punir, dit l’éléphant, tu porteras à tout jamais sur ton dos cette coquille vide dans laquelle tu t’es caché ; je t’enlève aussi tes pattes : tu ramperas ! Et je te condamne à laisser derrière toi une trace gluante qui te collera au sol. Tu seras le plus lent des animaux, et le plus facile à repérer !
C’est ainsi que les escargots sont devenus lents, visqueux et qu’ils ont obligés de porter une coquille vide sur le dos pour pouvoir s’y réfugier en cas de danger.
Méryl ROBIN (6ème)