Avoir un poil dans la main…

Je vais vous raconter l’histoire d’un jeune homme qui s’appelait Jean Monchou. Il vivait dans la plus affreuse des misères et, comme si cela ne suffisait pas à son malheur, il était fainéant. Cependant, tous les jours, il prenait le temps de cueillir des pommes de terre. Il en mangeait matin, midi et soir.

Un jour, il décida mettre fin à cette situation et alla à l’église pour voir si le prêtre n’avait pas une solution à ce problème. Il se dirigea donc vers l’église, tout en réfléchissant à la façon dont il allait formuler son problème. Une fois arrivé sur le lieu de prière, il s’adressa au prêtre de la manière suivante:
– Mon père, je vis dans une extrême pauvreté et j’ai une très grande difficulté à me lever le matin pour chercher du travail, tellement je suis fatigué. C’est pour cette raison que m’adresse à vous : je sollicite un conseil.

– Mon fils, fais attention! Un poil est en pleine croissance dans ta main! Cela causera ta perte, et toi seul peux y mettre fin…

À partir de ce moment-là, Jean se lança à la recherche de son poil. Dans un premier temps, il essaya avec des ciseaux, mais cela ne fonctionna pas. Après, il tenta sa chance avec un couteau. Enfin, en désespoir de cause, il s’en alla chez sa voisine Juliette pour voir si elle n’avait pas une solution à son problème. Une fois chez elle, il lui avoua à mi-mots qu’il cherchait un poil dans sa main, sans en dire plus. Sa voisine apporta alors ses lunettes, sa pince à épiler et sa loupe et se mit activement à la recherche de ce fameux poil. Elle chercha des heures et des heures durant… En vain! Soudain, elle s’écria, une lueur d’espoir dans les yeux:
– Mais, mon petit, n’est-ce pas sur l’autre main que se trouve ce poil? Ah tu sais mon ami, tes deux mains se ressemblent comme deux gouttes d’eau.

Le jeune homme s’en va chez lui et pense que sa voisine est aussi bête que le prêtre! Lorsqu’il est au milieu du trajet, il se demande:
-Mais pourquoi ne pas retourner voir le prêtre, et lui expliquer que je ne peux pas régler ce problème de poil? Il faudra bien qu’il m’aide!
Il retourna à l’église, trouva le prêtre et lui expliqua que même sa voisine, qui était pourtant réputée pour sa bonne vue et son habilité aux ciseaux, n’avait pu trouver ce poil, cause de tous ses malheurs! L’homme de l’église lui répond :
– Mon fils, à compter de maintenant, tu dois faire quelque chose, mais par toi-même, car ton poil s’étend de jour en jour!
Jean se retourna alors et marmonna dans sa barbe :
– Oui, mais moi je ne le vois pas, ton poil! Alors, la coupe est pleine. Je m’en vais de ce pas voir le pape pour lui demander de l’aide.

Jean dut travailler pour gagner de quoi payer son voyage, et se retrouva, quelques mois plus tard, chez le pape. Il lui raconta son histoire. Il lui montra même ses deux mains, pour obtenir gain de cause, jura qu’il n’y avait aucun poil, que tout ceci n’était que balivernes. Une fois qu’il eut fini de parler, le pape, qui l’avait écouté sagement, lui expliqua:
– Mon fils, avoir un poil dans la main, c’est une expression qui signifie être fainéant! Chercher ce poil dans ta main t’a demandé bien des efforts : il me semble qu’aujourd’hui, ce poil a disparu…Comme tu as fait ce trajet et que tu n’as pas renoncé à ta quête de savoir, tu seras récompensé. Je te fais don de mon encyclopédie pour que tu comprennes à l’avenir toutes les expressions que tu rencontreras sur le chemin de ta vie, ainsi que d’une bourse, et pour que tu manges autre chose que les pommes de terre, voici des graines de choux, de tomates et des carottes. Oui je te l’affirme, mon fils, tout ce matériel est à planter et à cueillir, pour que ce poil ne revienne jamais dans ta main!
– Oh, merci beaucoup. Mon père! Dès à présent, je m’en vais planter toutes ces graines.

Jean se précipita chez lui, travailla son potager, et, depuis ce jour, il n’est plus fainéant et vit heureux.

Je vous ai raconté son histoire pour vous dire que si vous sentez un picotement dans le creux de votre main, il faut vous mettre au travail! Allez toujours au bout de ce que vous entreprenez, et ce, quoiqu’il advienne, car vous y trouverez toujours une récompense.

Rumeysa Oksuz (5ème)