Quand j’étais à l’école primaire, j’imaginais tout un tas de choses sur le collège :
J’imaginais le bâtiment comme un labyrinthe mystérieux, une sorte de caserne accueillant des soldats qui s’agitent dans tous les sens, mais sans aucune liberté de mouvement, dans des escaliers et des couloirs interminables. À la sonnerie, les discussions envahissaient l’esprit des élèves, avec des échanges animés d’opinion, mais dans une ambiance paisible, avec des groupes d’amis qui se retrouvaient, comme des grandes personnes. Dans la réalité, la sonnerie en question est extrêmement brutale, elle fait sursauter tout le monde (même si on l’attend à heure régulière), pourtant, elle fait naître de la joie sur tous les visages…
Je m’étais aussi fait une idée des professeurs du collège, grand sujet de conversation dans la cour de l’école (c’est toujours vrai dans la cour du collège!). J’imaginais certains d’entre eux comme des maîtres de l’intelligence, mais j’en voyais aussi d’autres avec des visages de dictateurs qui nous emprisonneraient dans leur bulle de savoir et de sagesse, avec une grande barbe, des dents énormes qui dépassent de la bouche, une mauvaise haleine et un regard noir rempli de rage qui nous transpercerait la tête dès qu’ils nous dévisageraient. Nous n’aurions alors qu’à baisser les yeux, et à prier pour que la sonnerie de la récréation nous libère! C’était un peu excessif : ils n’ont pas les dents aussi longues que je le pensais…
Donc, les récréations, que je pensais bien être l’instant de tous les espoirs : après avoir rangé nos affaires, nous nous retrouverions sur les nombreux bancs pour discuter tranquillement. Les choses sont un peu différentes : le bruit strident sonne le chaos, manteaux, sacs, et toutes sortes d’objets volants non identifiés volent de tous les côtés, les trois bancs sont pris d’assaut par les plus téméraires qui ont osé ranger leurs affaires en avance pendant le cours, c’est un défoulement court mais intense, le paradis des élèves!
Il me reste à parler de quelque chose que je n’avais pas pu imaginer, non seulement parce que nous n’en avions pas à l’école, mais, surtout, parce que rien ne peut préparer à cela : les casiers… Ce sont les maisons miniaturisés des élèves, toute leur vie y est révélée lorsqu’on les ouvre : un sandwich moisit dans un coin depuis quinze jours, l’odeur tenace de vieilles chaussettes de sport vous saute au visage, des papiers de carambars vous offrent des blagues idiotes, avec parfois un tatouage collé en partie sur la paroi, juste au-dessus d’un convocation chez la CPE, oubliée là depuis longtemps, parce que le dossier de la chaise, c’est pas vous qui l’avez démonté : le seul truc vraiment utile dans une salle de classe, vous n’allez pas le casser…
Bref, je suis en sixième, et tout va bien!
Alexia PEYRARD (6ème)