Si j’étais un bruit, j’aimerais vous faire entendre le crépitement d’un fue…
Nous étions dans cette forêt depuis le matin. Jean avait tout préparé pour le feu de camp, comme chaque année : les tentes étaient dressées, les brindilles prêtes à être brûlées et le repas n’attendait qu’à être dégusté. Tous les ans, la famille organisait ces retrouvailles. Mais, cette fois, nous n’étions que deux : mon frère Jean et moi.
La nuit tombée depuis une heure, Jean n’arrivait toujours pas à embraser les morceaux de bois. À force de vaines tentatives, son briquet semblait vide : mon frère perdit patience et le jeta dans le tas de brindilles, et partit, sans dire un mot, se coucher dans sa tente rendue humide par l’épais brouillard qui parcourait la forêt. Pour ma part, je restai là, assise sur le tronc d’un chêne couché près du feu inexistant qui aurait pourtant dû me réchauffer. La fraîcheur de la nuit commençait à m’envahir. Je m’allongeai sur le morceau d’arbre mort et contemplai la lune, seule source de lumière posée sur mon corps tremblant.
« Colère de feu »
Je ne me souvenais pas m’être endormie. Peut-être était-ce la lune qui m’avait bercée… Je ne comprenais pas non plus cette chaleur envoûtante que mon corps appréciait tant, mais il y avait ce bruit, ces craquements si forts qui rendait ma tête encore plus douloureuse. J’essayai d’ouvrir les yeux, mais un souffle d’air brûlant m’obligea à les refermer…
Emma MEHAYE (3ème)
