Cela fait dix ans Père Noël…
Dix ans que je suis l’arbre synthétique que l’on sort tous les ans, à Noël, dans la famille d’Emma.
Chaque année, je suis planté, à partir du premier décembre, à l’orée du salon familial. Chaque année, on me couvre de nouvelles décorations, plus laides et futiles que celles de l’an passé, et bien trop colorées. Chaque année, je suis placé au même endroit : entre la télévision et la niche de ce chien qui me regarde sans convictions, mais je me méfie tout de même : une patte est vite levée, par reflexe… Chaque année, le premier janvier, on enlève mes guirlandes et l’on me repose dans un coin du grenier, au milieu de la poussière et de ses acariens. Chaque année, on ne me prête qu’un tout petit peu d’attention, uniquement le jour où l’on m’accoutre de boules et de guirlandes : et ensuite on m’oublie, pendant un mois. Chaque année, vous passez devant moi et m’offrez un sourire de gratitude en déposant à mes pieds vos cadeaux, tous plus attirants les uns que les autres : et pas un seul petit paquet pour moi…
Vous savez que vous êtes quelqu’un d’incroyable ? Vous faites du bon travail avec vos lutins ! Je ne vois vraiment pas pourquoi, après tout, je n’aurais pas de cadeaux : je patiente 11 mois dans ce grenier sombre et très mal rangé, tout ça pour que vous puissiez trouver un endroit où vider votre hotte : il me semble qu’un petit geste affectueux de votre part s’impose!
Pour tout vous dire, je rêve, cette année, d’une nouvelle déco, dernier cri, un truc façon bluetooth, avec une pointe de WiFi, et du 2.0 : je n’y comprends rien, mais quand ils ouvrent leurs paquets, ces choses-là semblent les mettre en joie… Alors, pour mettre en valeur mes vieilles aiguilles un peu ternies, cela devrait être top! Et un nouvel emplacement dans le salon : si vous pouviez convaincre ma famille d’adoption de me changer de place, à côté du canapé… Enfin, je serai face à la télé, et je pourrai regarder mon émission préférée : « les bûcherons de l’extrême ». Ah, j’oubliais : un chiffon à poussière… pour le grenier.
Je pense que ma liste est désormais complète. J’ai été plutôt raisonnable : je ne vous ai pas demandé de bûche de Noël, ni de téléphone portable.
Je vous remercie, cher Père Noël. J’espère qu’on se croisera encore longtemps à l’occasion des veillées de Noël. Je touche du bois ! J’aimerais que vous me regardiez à présent avec encore plus de fierté qu’auparavant. Merci encore patron !
Le Sapin d’Emma
Emma MEHAYE (3ème)