Cher Père Noël
Tu me connais très bien, et depuis longtemps : même si tu vis au sommet de mon crâne, tu as pu voir combien mes colères peuvent être fortes, mais aussi combien je suis fragile. Tu sais quelles riches couleurs je donne à tous (ton immensité blanche garde jalousement ses aurores boréales…), mais tu devines aussi à quel point chaque couleur est fragile (tout ce vert qu’on efface chaque jour…).
Bref, pour Noël, j’aimerais que tu m’apportes de quoi retrouver le moral et me refaire une santé, car cela fait quelque temps que j’étouffe et que j’ai du mal à respirer. De plus, tu le sais certainement, mon cœur ne bat plus qu’au rythme de la colère de mes habitants, et s’emballe sous les cris de ceux qui disparaissent. Je suis complètement déboussolée : si je te dis que j’en perds le Nord, tu sais mieux que quiconque que ce n’est pas qu’une expression…
J’adorerais trouver, cette année, sous tous les sapins enguirlandés de mes grandes forêts des petits vélos, plutôt que des voitures de course : si ce présent pouvait faire grandir ces enfants autrement, cela me permettrait de retrouver les poumons de ma jeunesse. Je souhaiterais également que tu déposes à côté une boîte à rêves, mais pas en chocolat, une vraie boite à faire de bons grands rêves pour remplir la tête de mes petits amis à deux pattes, car rêver et espérer seraient les meilleurs remèdes à tous nos maux. J’aimerais aussi une machine qui transformerait les pièces de monnaie en fleurs : ainsi, personne n’hésiterait les donner à tous ceux qui ont une vie sans couleurs, et on les verrait tous s’envoyer des fleurs. N’oublie pas aussi de penser à toi : une grosse vague de froid vous ferait le plus grand bien, à tes rennes et à toi.
Bien cordialement,
Madame la Terre
Bastien Mourigal (6ème)