14 février 2041
Cher Monsieur Mathieu,
Chaque soir en m’endormant, je vois ma pièce du prix « Albert-Londres » et je ne peux m’empêcher de penser à vous.
En effet, si j’en suis là aujourd’hui, c’est grâce à la découverte des articles de presse sur lesquels vous m’avez fait travailler. Le tout premier article que j’ai lu est le votre : « Le poirier dans la cour d’école ». J’avais seulement 12 ans et, depuis la lecture de cet article, j’ai su que je voulais en faire mon métier. Ce qui m’a donné l’envie d’être journaliste est le fait qu’une seule personne peut informer des milliers de gens. De m’apprendre à faire des articles a été long, mais, aujourd’hui, je ne regrette pas d’avoir passé mes journées à essayer d’en faire seulement un. Votre pédagogie, votre patience mêlée à votre obstination pour que j’ y arrive, ont été si importantes pour moi ! Ces minutes qui m’ont paru si longues, étaient en fait si précieuses.
Je me souviens d’un lundi, j’étais en classe à coté de Paul, et vous avez prononcé ces mots qui ont provoqué chez moi un sentiment d’anxiété. : « contrôle d’une heure sur les articles de presse ». Ce jour-là, je vous en ai voulu ! La froideur de la classe et le bruit des pieds qui résonnaient contre le sol, rendaient pour moi ce contrôle infaisable. Le fait que les élèves, à coté de moi, écrivaient à toute allure me perturbait. Je regardais par la fenêtre en espérant trouver de l’inspiration, quand, soudain, je vis une voiture passer. C’est à ce moment-là que le fruit de mon imagination fit son apparition. J’écrivis à toute allure pour rattraper mon retard et fis un article : « les voitures hybrides sont-elles vraiment écologiques ? », qui me valut des félicitations.
Aussi, à l’heure où je vous parle, mon travail, le vrai, est célèbre grâce à mon article « La vérité qu’on vous a toujours cachée » qui a fait le tour du monde. Quelques mois plus tard, j’ai reçu le prix « Albert-Londres »; là, je me suis dit qu’il fallait que je vous écrive. La plus grande chose du monde serait trop petite pour vous remercier.
Encore mille mercis !
Julie Espaliat