Crise, inégalités, krach, dépression…l’économie c’est un regard sombre sur le monde qui nous entoure .
Loi des rendements décroissants, courbe d’offre et optimum de production,utilité marginale… l’économie ce sont des formules , des théories savantes et parfois un peu soporifiques.
« De quoi parle l’économie?Du partage, du partage de la richesse. Qui regarde le gâteau, qui tient le couteau. C’était le but octroyé à l’économie politique par le grand Ricardo dans son ouvrage, Des principes de l’économie politique et de l’impôt et depuis on n’a pas dit mieux »(B Maris : Antimanuel d’économie. – Bréal. 2003).
Ici les choses deviennent plus intéressantes . Alors, l’économie aurait un sens , un intérêt social évident dans une société qui se dit démocratique : organiser le partage des richesses.
C’est l’un des principaux messages que faisait passer l’économiste toulousain sur les ondes à France Inter , dans ses ouvrages, dans ses articles , et au sein du journal satirique Charlie Hebdo.Il n’a cessé de chercher à désacraliser la discipline pour la rendre accessible à tous,avec un ton souvent provocateur mais toujours pertinent, éclairé, et LIBRE .
Il y a longtemps déjà , il m’a permis de découvrir cette discipline passionnante qu’est l’économie sur les bancs de l’IEP (Institut d’études politiques ) de Toulouse.Aujourd’hui,j’ai du vague à l’âme.
Adieu Oncle Bernard.
V Sabard : professeur de SES ancienne élève du professeur d’économie B Maris
Merci pour ce bel hommage. En tant que professeure d’histoire, je tiens à rajouter que Bernard Maris était non seulement un économiste mais aussi un homme ouvert et passionné par l’histoire. Il est le gendre de Maurice Genevoix et présidait l' »Association de Ceux de 14″, dédiée à la mémoire du grand écrivain et combattant de la Première guerre mondiale. Dans son ouvrage « L’homme dans la guerre », Grasset, 2013, Bernard Maris croise brillamment les expériences combattantes et littéraires de Maurice Genevoix et de Ernst Jünger, pour comprendre cette guerre.
Aujourd’hui je suis loin du lycée Edmond Perrier.
Pour tenter de conjurer la tristesse de la disparition tragique de Bernard Maris, je retrouve dans mes archives le cours de démographie que j’ai eu le privilège de suivre à l’université de Toulouse Capitole à la fin des années soixante-dix.
Je me souviens de l’excellent pédagogue, et aussi de la gentillesse, de l’humanisme et de l’humour de cet homme d’exception. Il a marqué ma façon de concevoir les sciences économiques.
Le second tome de son « Antimanuel d’économie » (2006) se termine sur sa fascination pour Keynes.
« L’incertitude favorise la coopération. Elle favorise aussi l’autorité… Les périodes troublées voient arriver les démagogues qui rassurent le peuple. Le peuple a soudain envie d’être soudé : les périodes d’incertitude et de peur sont aussi celles d’hystérie collective, de comportements de foule, irrationnels, dangereux, abjects parfois, pouvant aller jusqu’au lynchage ».
Dans les circonstances dramatiques qui ont couté la vie aux victimes de l’attentat d’hier, c’est ce message que nous laisse Bernard Maris …