Dom et Fred, deux personnages aux destins communs, rejetés, humiliés, nous emmènent dans leur monde durant 1h15, pour mieux comprendre la jeunesse actuelle. La pièce La Loi de la gravité d’Olivier Sylvestre pose la question des différences et des normes sociales.
Normes, genres, acceptation, différence : voici les grands thèmes abordés ce jeudi 21 septembre au Festival des Francophonies de Limoges, grâce à Anthony Thibault, jeune metteur en scène qui explore, comme à son habitude, une problématique moderne. Ici, il est question du genre.
La Loi de la gravité, c’est d’abord l’histoire de deux jeunes adolescents de 14 ans, Fred et Dom, rejetés et blessés. Ils trouvent refuge l’un en l’autre pour survivre dans ce monde où la différence est souvent synonyme de discrimination et de rejet. L’un est un garçon féminin, l’autre une fille masculine. Les deux ont un même objectif : atteindre la Ville, lieu de l’acceptation de la différence, lieu de liberté et de toutes les possibilités pour deux individus en pleine construction.
Dans la pièce, l’auteur a voulu représenter deux mondes différents bien séparés l’un de l’autre : cette rupture est symbolisée par un pont. D’un côté du pont, se trouve le monde où vivent Dom et Fred, un monde où ils doivent cacher leurs sentiments de peur d’être mal vus. De l’autre côté du pont, il y a la Ville qui représente pour eux la liberté de penser et de s’exprimer. Lorsqu’ils sont sur le pont, ils s’interrogent sur leur vie, et se retrouvent face à la grandeur de la Ville, symbole de liberté. Ce pont marque aussi la limite de ce qu’ils peuvent supporter. Dans la partie centrale de la scène, la scénographe a placé un escalier. Cette position centrale lui donne toute son importance car il a plusieurs fonctions : il sert de lieu de refuge pour les personnages principaux puisque sur cet escalier, ils peuvent se montrer tels qu’ils sont vraiment. Il représente aussi le pont qu’il faut traverser pour accéder à la Ville. Ce décor simple et symbolique accueille à la fois les désillusions des personnages, leurs joies les plus intenses et leurs pensées les plus sombres.
La scénographe Anne-Sophie Grac a aussi installé un écran géant à l’arrière du décor qui va être utile pour montrer les personnages dans leur intimité et retransmettre leurs échanges de messages. Cet élément visuel et moderne renforce la dimension intime de la pièce en montrant ce qui ne pourrait être montré autrement. La traversée du pont, moment symbolique de la pièce, est également montrée grâce à ce procédé scénographique.
La Loi de la gravité est une pièce révélatrice de ce que peut ressentir une partie de la jeunesse d’aujourd’hui. Les problèmes rencontrés par les adolescents sont traités avec subtilité : la discrimination, la recherche de son identité et de sa place dans le groupe sont des sujets qui concernent tout le monde. Cette pièce peut ainsi toucher un public jeune mais elle peut aussi servir à sensibiliser les adultes au ressenti de leurs enfants.