Discriminations : Palmarès des textes primés

Jeudi 17 mai a eu lieu la remise des prix du concours d’écriture sur les discriminations organisé par la FAL au sein du lycée Edmond Perrier.

Une dizaine de textes ont été primés sur la cinquantaine qui avait été recueillie. Le jury était composé des bénévoles de l’association Lire et Faire lire.

Le moment fort a été celui de la lecture des textes par les auteurs eux-même ou par des camarades ou encore par des membres du jury. Moment fort car certains textes, parfois sombres, étaient très personnels sur  le racisme, la grossophobie ou le harcèlement.

La qualité littéraire des textes a été  soulignée par le jury qui avait classé les écrits selon leur forme littéraire : poésie, nouvelle, discours, lettre.

L’auditoire d’une soixantaine d’élèves a été attentif aux histoires, aux situations de discriminations exposées, le silence dans la salle était bien la preuve de cette grande qualité d’écoute.

L’écriture et la lecture permettent de ressentir des émotions, de se mettre à la place de l’autre. Se mettre à la place d’une victime, d’un témoin passif et finalement ressentir de l’empathie, faire preuve de tolérance, dénoncer des situations, n’était-ce pas aussi les objectifs de ce concours ?

Lauréats : Emma Lagarde / Lola Lenoir / Pancho Rodriguez / Enzo Auzel / Charline Lamothe / Emma Izorche / Jeanne Théreau / Antonin Diot

      « Aujourd’hui,  j’aimerais vous parler de la grossophobie. Pourquoi ? Parce que je trouve que l’on n’en parle pas assez. Mais tout d’abord, qu’est ce que la grossophobie ? C’est tout simplement la discrimination des gens forts, ronds ou encore obèses.  J’aimerais partager avec vous mon histoire…

Quand j’étais petite, j’étais en surpoids. Je le suis encore, mais moins qu’avant. Les filles de ma classe étaient toute fines, bien dans leur peau. Et il y avait moi ; la petite fille grosse. J’étais la copine que l’on choisissait toujours en dernier pour les équipes de sport. J’étais la fille qui se mettait dans un coin pour pleurer, la fille qui se sentait seule et faible. D’après  les autres, je n’avais pas le droit d’être heureuse parce que j’étais grosse. Et puis les années ont passé, et j’ai grandi. J’ai grandi et j’ai changé, physiquement et mentalement. J’ai mûri et j’ai maigri. Je me suis construit une armure qui me protège des insultes. Alors bien évidemment, les insultes ont diminué, et les gens de mon école ont arrêté de me dévisager. Mais encore aujourd’hui, j’ai toujours cette peur.  Cette même peur qui me hante tous les jours, à chaque instant de ma vie.  Cette peur d’être dévisagée, ou encore d’être insultée parce que « mon tee-shirt me grossit », parce que « mon pantalon me fait des grosses cuisses » ou encore parce que «  ma poitrine est trop visible ». J’ai peur de ne pas être acceptée à cause de mon physique. Je ne veux pas parler au nom de tous les gens comme moi, les gens forts, mais il me semble que nous avons le droit d’être heureux, d’avoir une vie normale. Se lever le matin, ne pas penser à ce qui pourrait encore nous blesser, mentalement. Avoir un travail, se marier, avoir des enfants, tout simplement être heureux et vivre.

Alors à  partir d’aujourd’hui, j’aimerais que vous fassiez quelque chose pour moi, je vous promets, ce n’est pas grand-chose, c’est juste un petit détail qui peut embellir les journées des personnes comme moi.  S’il vous plait, ne nous regardait plus avec pitié ou dégout. Parce que c’est ce que certains d’entre vous font, vous nous dévisagez. Pas forcément méchamment mais ça fait toujours mal d’avoir un regard comme ça sur soi. Regardez nous comme des personnes normales, parce que c’est ce que nous sommes, des personnes normales avec deux bras, deux jambes, deux yeux, une bouche, un nez, deux poumons et un cœur, un cœur immense et partiellement brisé.  Notre cœur est certainement tellement grand, que c’est pour ça que certaines personnes en profitent pour jouer avec. ».

 

Charline