La photographie, un art que pratique Gilles PERRIN, avec beaucoup de passion et un certain savoir-faire.
Ce jeudi 19 janvier, accompagnés par Mme Garcia, notre professeure de français, nous sommes allés voir une exposition de photos au CDI du lycée. Nous avons eu la chance de rencontrer l’auteur de ces photos, Gilles PERRIN, accompagné de Nicole, sa femme avec qui il travaille pour tous ses projets. Elle s’occupe de toute l’intendance notamment pour les voyages à l’étranger. Cette exposition est intitulée « Ils sont venus d’ailleurs, figures d’immigrés en Limousin ». Une trentaine de portraits étaient exposés dans le CDI, tous représentant une ou plusieurs personnes venues d’un autre pays et installées dans notre région. Le projet Histoire(s) de migrations mené par les professeures documentalistes a pour but de nous faire prendre conscience que les gens qui nous entourent, que l’on peut croiser dans la rue ou au lycée, ne sont pas toutes d’ici, mais originaires de pays différents.
Au départ, les questions se faisaient discrètes, mais au fil de la rencontre, le photographe et sa femme ont su nous mettre à l’aise en nous racontant de nombreuses anecdotes sur les voyages qu’ils ont pu faire dans le monde entier. Étant intrigués par ces multiples histoires, nous avons écouté avec attention tout ce qu’ils disaient.
« Mon travail de portraitiste que je pratique depuis plus de 25 ans a pour rôle de faire coïncider deux actions, la rencontre et le témoignage. » a t-il dit. Gilles PERRIN ne se contente pas de prendre une simple photo, il prend le temps de parler, de créer des liens avec les personnes qu’il photographie. « Je cherche la complicité de mes sujets. J’ai toujours un contact préalable au cours duquel j’explique mes intentions, ma façon de photographier » raconte Gilles. Il demande toujours l’autorisation avant de photographier une personne et à sa grande surprise, il ne s’est heurté qu’à environ 1% de refus.
Ces photos ont la particularité d’être en noir et blanc ; elles ont été prises avec un vieil appareil sur trépied, dont il faut actionner quelques mouvements mécaniques, avant de pouvoir prendre la photo. Cet appareil lui permet de restituer l’image prise de la personne photographiée et d’en garder un exemplaire. Pour Gilles PERRIN, cette façon de travailler avec l’argentique, ces gestes à effectuer, sont très importants : « toutes les photos sont faites à basses vitesses, de la seconde au 1/8 de seconde, vitesses humaines qui me permettent de saisir une respiration, un battement de cœur », nous a-t-il expliqué. On peut sentir qu’il est passionné par ce qu’il fait et qu’il ne lui suffit pas d’appuyer sur un bouton pour capturer un instant.
Quand est venue la question de sa photo préférée, l’émotion l’a de suite submergé. Curieux d’en savoir plus, nous étions extrêmement attentifs. Alors il nous raconta l’histoire qu’il a vécue au Tibet. Un jour, alors qu’ils marchaient lui et sa femme, ils tombèrent sur un vieux monsieur, baissé vers le sol en train d’arracher quelques mauvaises herbes. Ils l’ont approché, et lui ont expliqué le but de leur photo, puis ils lui ont demandé l’autorisation de le photographier. C’est à ce moment là que le vieil homme qui n’avait toujours rien dit, le regarda de haut en bas, puis dans les yeux pendant plus d’une minute. « Une minute sans parler, à se regarder c’est long ! » dit Nicole. Gilles toujours avec autant d’émotion nous confia : « Il a vu mon âme ». Un instant qui l’a troublé. Cet homme, avait vu, juste en le scannant de la tête aux pieds, ce que personne n’avait pu voir jusqu’à ce jour, une partie intime de lui, son âme.
Estelle Farges 1ere ES2