Le mercredi 11 janvier je suis allée avec un groupe d’élèves au CAO de St Priest Gimel où, avec Martin A nous avons pus interviewer Jeddo Habib.
Jeddo Habib, 25 ans, est originaire du Soudan. Il a émigré vers la France à cause de la mauvaise situation politique de son pays. En effet c’est le dictateur Omar Al Bachir qui est à la tête du pays depuis 28 ans.
Jeddo Habib. Crédit photo : CDIperrier
Le 25 novembre 2015 Jeddo quitte son pays d’origine pour la Libye où il travaillera deux ans. Mais pour rejoindre la Libye, il lui aura fallu dix jours de trajet en voiture et à jours à travailler dans les mines d’or, à la frontière du Soudan et de la Libye. Ce travail était pénible : 35 personnes y ont perdu la vie.
Il aurait voulu rester dans ce pays afin de pouvoir retourner au Soudan une fois la situation améliorée. Mais en Libye la situation s’est également dégradée. Le hommes de Omar Al Bachir a envoyé ses hommes jusqu’en Libye pour le rechercher, en vain. Au Soudan le gouvernement contrôle tout et il se passe des choses que la presse et les autorités cachent : manifestations d’opposants, conflits, personnes tuées par la police du gouvernement, morts suspectes…
Jeddo a finalement pu rejoindre la Sicile depuis la Libye à bord d’une barque en plastique.
Il garde des contacts avec sa famille. Aidé par son père durant le trajet, il laisse derrière lui toute sa famille, son métier de vendeur en plomberie ainsi que le reste de sa vie.
Depuis l’Italie il prend le train pour la France, mais ça n’est pas facile., il lui faudra dix jours pour pouvoir passer la frontière. C’est finalement caché dans un train qu’il arrive à Paris. Là, il dormait dans la rue.
Ensuite il a rejoint Calais où il est resté 2 mois. Les migrants pouvaient avoir de la nourriture mais tout était difficile à Calais. Chaque jour des migrants essayaent de sortir du territoire pour aller en Angleterre. Ils étaient harcelés par la police, il y avait des tensions en permanence. Cette expérience lui a donné une mauvaise image de la France.
Il garde un mauvais souvenir de tout ce périple et de ses différentes étapes., en effet, il a souvent été en danger.
Contrairement à certains migrants de Calais, Jeddo ne voulait pas aller en Angleterre. A la suite du démantèlement du camps de Calais en octobre 2016, Jeddo a pris un bus pour Tulle sans trop y croire. Il a choisit sa destination sur une carte de France, au hasard, selon les possibilités qui étaient proposées et parce qu’il n’aime pas les grandes villes.. Ici il se sent bien mais surtout, il se sent en sécurité.
Il réside donc à St Priest Gimel au centre de Voilco. Il dit qu’il a été bien accueilli. Avec les autres migrants il peut faire du sport et il apprend le français grâce à des cours donnés par des bénévoles. Il parle anglais et n’aime pas vraiment apprendre dans une salle de cours mais le français lui est essentiel, surtout pour les nombreuses démarches administratives.
Sa situation administrative est très complexe : dans le cadre de la procédure de Dublin son dossier aurait dû être suivi par les autorités italiennes mais la démarche a été annulée. Il a alors demandé l’asile en France et attend actuellement une réponse. La procédure est longue car cette démarche nécessite des preuves difficiles à rassembler, et l’Etat doit vérifier s’il a vraiment besoin d’une protection.
En attendant il a une priorité : apprendre le français avant tout !
Son parcours, Jeddo avait du mal à en parler, mais avec le temps, il a pu nous le livrer.
Sarah
D’après les propos recueillis par Martin et Sarah.